« TRIOMPHE DE LA RAISON » ou « POLAR BIBLIQUE » ?
Littérature ou religiosité ?
Ainsi, le même article d’
Écran Total nous renvoie – à travers les mots «
aventure » «
passionnante » et «
policière » – à un deuxième niveau d’analyse : le succès de l’entreprise
Corpus Christi – ce n’est pas la dévaloriser que de le dire – a un côté non rationnel, relié à son insertion dans la culture d’une époque. Ceci constitue le paradoxe de l’histoire : c’est par le biais d’une forme littéraire que s’émancipe la raison. Notons donc que, à propos de
Corpus Christi en tout cas, il ne saurait être question d’annoncer le triomphe de la raison pure, ni d’«
opposer la science aux naïvetés, aux trucages et aux légendes » (termes employés péjorativement par
Thibaud) ni même d’évoquer une «
démystification » comme
Prieur lui-même (Le Monde, 24/3/97).
Qu’un tel « triomphe de la raison » soit exclu ici, m’a été suggéré par la lecture du
Monde ! Après avoir encensé la série avec les expressions «
chef d’œuvre d’intelligence » puis «
constat démythificateur, pour ne pas dire démystificateur », A
lain Rollat y affirme ceci : «
Le miracle, c’est qu’à la lumière de leur écoute [sic]
, ce monument d’érudition devient le plus vivant des spectacles » (27/3/97). Quel avantage un protestant comme moi, aurait-il à échanger la transcendance du « Sacerdoce Universel » contre celle de la « raison pure » si c’est pour déplacer de l’une à l’autre le même vocabulaire religieux ? Celui-ci n’est-il pas aussi absurde, « mystificateur », voire « mythificateur » quand il se cache sous le masque de l’intelligence ?
Quand il sera ici question de l’émancipation de la raison, celle-ci inclura donc une méfiance raisonnée envers les discours dithyrambiques, tenus au nom d’un positivisme ou d’un rationalisme à courte vue, à caractère... quasi religieux !