INTRODUCTION
Un événement révélateur
Ayant analysé la nouveauté de l’événement qu’a constitué la première diffusion de
Corpus Christi dans la
Première partie (
Événement culturel) et les réactions qu’il a suscitées dans la
Deuxième partie (
Effet analyseur de Corpus Christi), il me semble possible et nécessaire d’interroger les stratégies mises en œuvre dans ces cinq parties du documentaire.
(1)
Il faut d’abord bien se souvenir que la notion de « blasphème » n’avait pas disparu de la culture ambiante – il y peu de temps encore – et même dans un pays laïque comme la
France. Qu’on pense à certaines réactions « scandalisés » au film de
Scorsese, et à la façon dont des
chrétiens ont « compris » la réaction musulmane contre l’œuvre littéraire de
Salman Rushdie (condamné à mort en tant qu’« apostat » de l’Islam et « blasphémateur » de
Mahomet). Qu’on réfléchisse aussi à l’attitude de l’Église catholique vis à vis du
Jésus de
Duquesne, ou à celle de l’Église Réformée de France (calviniste) interdisant
Ennio Floris d’exercice pastoral en 1969, pour les recherches qui l’ont conduit à publier
Sous le Christ, Jésus en 1987.
Cependant, certaines évolutions se sont produites plus récemment. Pour évaluer les choix faits par Mordillat et Prieur, il faut comprendre l’actuel paysage religieux et culturel, et les réactions possibles vis à vis d’une telle œuvre.
C’est pourquoi j’ai consacré la fin de la Deuxième partie à dégager, dans les commentaires sur
Corpus Christi, ce qui relevait de l’accueil général vis à vis du projet de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur d’étudier l’histoire de l’homme Jésus, la naissance du christianisme et l’origine de l’antisémitisme chrétien (ou antijudaïsme, peu importe ici). Je n’en présenterai ici que quelques éléments complémentaires que je trouve éclairants.
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(1) Crucifixion, Procès, Roi des Juifs, Pâque, Christos.