EXEMPLE D’ÉVOLUTION
Aujourd’hui (en 1997)
Le silence, en effet, a très bien fonctionné. Des quelques cent spécialistes qu’ont rencontré
Mordillat et
Prieur durant plusieurs années de préparation de
Corpus Christi, aucun ne leur a signalé
Sous le Christ, Jésus. Et notamment pas
Maurice Carrez, auteur d’une
recension « féroce » du
livre de
Floris dans la revue de la Faculté de théologie protestante de Montpellier
Études Théologiques et Religieuses (n° de janvier 1988), et qui a conseillé
Mordillat et
Prieur dans leur travail préparatoire.
En 1988,
Carrez reprochait à
Floris de vouloir «
faire sortir Jésus du tombeau des textes pour le donner à l’histoire » et ainsi «
d’apporter une contribution au problème de l’émancipation de la raison à l’égard de tout conditionnement de foi ». Aujourd’hui, il se déclare «
pour l’éclectisme ». Mais son « éclectisme » n’est pas allé jusqu’à signaler à
Mordillat et
Prieur – entre autres méthodes, «
une vingtaine » à son avis – l’existence de la
méthode particulière de
Floris.
Il est vrai qu’il reproche maintenant à celui-ci de «
faire de la dogmatique à rebours ». Mais il parle maintenant de – et à – «
son ami Floris ».
(1)
Il a fallu que, par chance et très tardivement, les réalisateurs de
Corpus Christi trouvent mentionné
Sous le Christ, Jésus dans un autre ouvrage (
Emile Morin,
Non-lieu pour Jésus, Flammarion, 1989) pour qu’ils lisent
ce livre avant d’avoir terminé le montage du documentaire, et invitent aussitôt l’auteur à y participer comme 27ème « grand chercheur » malgré les problèmes techniques que pouvait leur poser cet ajout de dernier moment.
C’est donc grâce à la brève apparition de
Floris dans la cinquième partie (
Christos) que la valeur de son travail trouve enfin une certaine forme de reconnaissance. Et grâce à la mention de
son livre dans la bibliographie des livrets, le public pourra en prendre connaissance.
Cette valeur est aussi reconnue en privé par l’auteur de
la recension dans
Le Monde, vu
sa réponse à
une longue lettre que je lui ai envoyée récemment : «
Je n’écrirais sûrement plus comme je l’ai fait la recension de Floris... Quoi qu’il en soit de mes désaccords, il me semble que je n’ai pas rendu justice à son travail sur le fond... Je voudrais lire à tête reposée vos arguments pour Floris et, si j’accroche de nouveau, je vous répondrai ».
Le climat a vraiment changé en dix ans, car à l’époque j’avais moi-même contribué à envenimer la polémique, et je n’ai pas reçu une telle réponse...
______________
(1) Je cite ici les propres paroles de Carrez, lors d’une réunion-débat organisée à Montreuil le 12 juin 1997 autour de Mordillat, Prieur et Floris.