ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Michel Bruston

Corpus Christi







L’EFFET  ANALYSEUR 
de  CORPUS  CHRISTI



Un événement culturel


Effet analyseur de Corpus Christi

- Un révélateur
- Réactions spécifi-   ques
- Louanges et critiques
- Analyseur des évolu-   tions récentes
- Exemple d’évolution
  . Un thème éculé...
  . redécouvert in
    extremis


Stratégies de Corpus Christi



. . . . . . - o 0 o - . . . . . .

EXEMPLE  D’ÉVOLUTION

Il y a dix ans (en 1987) :
« Un thème éculé »




    Lors de la sortie du livre d’Ennio Floris (Sous le Christ, Jésus, Flammarion, 1987) les présentations dans la presse ont été plutôt négatives sauf dans Réforme et, d’une autre manière, dans Libération (lire l'article).

    Dans Le Monde en particulier, on trouvait : « Comme tant d’autres et sans grande nouveauté, Floris postule un "refoulement" de Jésus par l’Église au profit du "Christ", mais il y ajoute pour sa part une figure de Jésus tellement sinistre... » ; et la conclusion (le ver­dict !) était : « Une version de plus du thème éculé : "Contre Jésus, le Christ"» (Le Monde des Livres, 3 avril 1987).
    De la méthode présentée dans le livre, le commenta­teur disait seulement : « Utilisée avec prudence et mo­destie, [elle] aurait pu se révéler féconde pour donner un accès renouvelé au Jésus de l’histoire... Dommage ! ». C’était son seul compliment. Il en précisa ensuite la signification : « On peut appliquer la méthode sans arriver à ce résultat » (celui auquel Ennio Floris par­vient) (Voir l'article).

    Dans un courrier adressé directement à Ennio Floris, l’auteur de cette recension nuança ensuite son propos : « L’idée de trouver dans les apories, les effondrements du texte, des marques d’un texte enfoui, ce texte étant celui d’un Jésus non marqué par la foi des "compo­siteurs" [des Évangiles], est excellente... Les applica­tions que vous faites très finement [de cette méthode] m’ont réellement intéressé ». Mais il terminait sa lettre par le même « compliment » que précédemment : « La méthode, à mon sens, pourra être utilisée avec profit par d’autres qui ne partagent pas vos présupposés ».
    Voici ce qu’aurait pu donner à l’époque une analyse « objective » – mais intolérante – de ces péripéties : un commentateur croyant traite l’idée principale du livre de « thème éculé », et cela dans un grand journal ; il y affirme que certains « résultats » sont trop « sinistres » et que « l’auteur ne convainc guère » de la valeur de ses thèses (1); ainsi, le livre se vendra peu. Pourtant, il reconnaît en privé que cette même idée est « excellente » et que ses applications sont « réellement intéressantes » (après les avoir mieux lues ?). Il espère que d’autres chercheurs « utiliseront la méthode » (en l’améliorant bien sûr, à leur manière, pour parvenir plus sûrement à d’autres « résultats »), et ceci « avec profit » (en publications reconnues) pour la plus grande gloire de l’Église (dont Ennio Floris « ne partage pas les pré­supposés »).

    L’erreur d’une telle analyse était de minimiser l’aspect positif du commentaire – fort critique il est vrai – qui parlait du livre dans Le Monde. Ce n’était pas le « silence mortel » souhaité explicitement par Jacques Ellul (qui dans ce cas s’est comporté en protestant fondamentaliste), et qu’ont pratiqué tant de « grands spécialistes », et même certains amis de Floris. N’im­porte quelle critique, même mordante, valait mieux que le silence.
    Paul Ricœur, par exemple, aurait pu joindre sa voix à celle de Manuel de Dieguez (voir l’article) qui, à la fois, a noté « l’originalité considérable » de la méthode, salué un livre qui devait selon lui « faire événement », et forte­ment critiqué les limites de sa réflexion épistémo­logique : « Floris croit que la science atteint réellement "l’explication du phénomène", alors qu’en mettant lui- même l’accent sur l’existence des codes du sens au sein de la théorie scientifique, il est pourtant entré dans la voie d’une critique de l’imaginaire humain qui pourrait embrasser à la fois le fabuleux religieux et le fabuleux scientifique... Le tort de Floris est de n’être pas allé jusqu’au bout de sa méthode d’analyse de nos métamorphoses du monde » (Libération, 20 avril 1987).

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(1) Bien que le commentateur l’ait nié explicitement dans sa recension, « la blessure narcissique infligée au chrétien par les thèses de Floris » était devenue de fait « un argument contre leur vérité ».
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Paris, le 21 juin 1997




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tb012051 : 29/12/2017