« INTRODUCTION »
Après la Bible imprimée et traduite...
Pour ma part, j’ai été enthousiasmé par la première partie (
Crucifixion). La qualité de l’image, le naturel étonnant des intervenants, les aperçus archéologiques, la sobriété du montage, tout cela sert admirablement la profondeur du message. Devant ces « grands spécialistes » exposant, sans
a priori dogmatique, les nombreux problèmes que pose la lecture de quelques versets de l’
évangile de
Jean et leurs diverses tentatives pour les résoudre, je comprends que
Mordillat et
Prieur aient été «
bouleversés de rencontrer ces chercheurs ... qui ont un tel respect du texte, pour qui chaque mot, chaque détail a une importance capitale » (
Télérama, 19/3/97). C’est à juste titre qu’ils ont affirmé : «
L’intelligence en action est un vrai spectacle... ça ne passe pas uniquement par ce que les savants disent, mais par la façon dont ils le disent, les mimiques, les silences, les lapsus » (
Le Monde, 23-24/3/97).
On peut bien sûr regretter, avec les deux réalisateurs, qu’encore aujourd’hui «
la majorité des spécialistes des Évangiles travaillent dans des cadres religieux... comme si on n’avait pas le droit de toucher à ces textes si on n’a pas la foi » (
Libération, 25/3/97). Cependant, grâce à cette première partie de leur longue « enquête » (cinq ans de travail) on aperçoit pour tout homme (homme ou femme) concerné la possibilité d’y réfléchir par lui- même – avec bien sûr la modestie qu’impliquent à la fois le peu de savoir propre de chacun, et les ignorances communes même aux plus savants.
En tout cas,
Mordillat le souhaite : «
Le dépouillement permet de rappeler au spectateur qu’il a un libre arbitre » (
Le Monde, 23-24/3/97).
Après la diffusion de la Bible imprimée en latin, puis dans les langues des peuples,
Crucifixion ouvre une nouvelle étape dans l’appropriation par les hommes des textes des évangiles. Et je me prends à imaginer certains téléspectateurs dont la culture chrétienne s’était « effilochée » ou même des athées, s’intéressant de nouveau aux textes bibliques... Quant aux francophones (ou germanophones) qui ont une autre culture, s’ils ont eu assez de curiosité pour ne pas « zapper », ils ont pu y découvrir le rapport particulier que le christianisme a construit avec « son » Livre car, bien que l’on parle parfois de « trois religions du Livre » (judaïsme, christianisme, islam), il existe une forte spécificité chrétienne.
Lemonon souligne : «
La priorité est donnée au texte... L’enquête éveille le téléspectateur à la force du récit évangélique sans masquer aucune de ses difficultés » (
La Croix, 12/4/97). Du coup, «
le spectateur se laisse prendre par l’intrigue, construite avec une succession de gros plans, ne s’encombrant ni de fioritures, ni de reconstitutions pseudo-historiques » (
Tager).
Cette évolution ne peut que réjouir le protestant et le scientifique que je suis.