ésus de Nazareth était bel et bien mort.
En se rendant au tombeau, le sabbat terminé, les femmes en eurent l'inéluctable confirmation. Elles n'espéraient accomplir rien d'autre que les gestes rituels et funéraires envers leur ami disparu.
Quelle histoire, cette « résurrection » ! Imagination et louables intentions pieuses ! Nous n'ignorons pas, cependant, qu'elles aident à fuir le réel, à endormir les hommes et leur faire oublier les tâches urgentes, précisément le combat pour la vie !
Jésus de Nazareth a-t-il quelque chose de commun avec le « Christ vivant » ?
La lecture attentive des Évangiles devrait nous éviter toute confusion. Ils désignent, en effet, tantôt quelqu'un que Thomas peut toucher ; tantôt quelqu'un qui interdit à Marie de le faire. D'autres fois, il se trouve en plusieurs endroits à la fois, ou capable de passer à travers des portes closes ; quelqu'un qui apparaît, puis disparaît soudain. Tantôt encore, il se confond avec un jardinier ou avec un chef d'entreprise de pêche au bord du lac ; tantôt, un étranger en voyage incognito. Parfois, il prononce des paroles qui rappellent étrangement le dogme trinitaire de l'Église ancienne (« au nom du père, du fils et du saint-esprit ») !
C'est pourquoi, il est impossible de confondre ce « ressuscité »-là et Jésus de Nazareth qui fut un simple homme israélite, mêlé à la vie de son peuple.
Et cependant, « souvenez-vous de quelle manière il a parlé... » Cette « mémoire »-là établit le lien de Jésus de Nazareth au « vivant ».
Les femmes, comme les disciples plus tard, reconnurent après coup celui dont les Écritures annonçaient la messianité. C'est pourquoi, Jésus de Nazareth le devint pour eux, parce qu'ils avaient reconnu en lui l'homme pleinement pour les autres, la plénitude de l'amour. En ce lieu-là, le « vivant » avait surgi, « ressuscité ».
Ainsi, la mort n'était pas le dernier mot de l'histoire des hommes. Au lieu de mettre la vie en doute, il était devenu possible, au contraire, de mettre en doute la mort et de parier sur la mort de la mort.
Risque de l'amour qui est possibilité de contradiction. Acte de foi par un engagement à vivre. Pari de l'amour qui peut abattre le mur des préjugés, de la méfiance, qui ouvre des brèches dans le cercle infernal des égoïsmes, des systèmes et des dogmes, des vérités définitives. Pari risqué qui suscite des actes gratuits, libérateurs.
Toutes les fois que des hommes et des femmes se livrent ainsi à l'amour qui les tue, alors, le « vivant » est en oeuvre en eux ! Ce qui, pour l'instant, n'est que « prophétie » est appelé à devenir « histoire » !
Le blé en herbe...
Lc 24:13-26