oici Corneille, le centurion de la cohorte « italien­ne ». Officier d’occupation, il a en charge le bon ordre de l’Empire et la surveillance de ce peuple juif, méprisé et vaincu. Mais il est aussi un « craignant Dieu », c’est-à-dire un prosélyte de la religion juive.
   Alors, comment concilier la pax romana et son inquiétude profonde, sa quête de vérité et de liberté, ses solidarités naturelles et son besoin de partage au-delà des préjugés et des frontières ?

Voici Pierre, à quelques lieues de là, le juif devenu un disciple du Nazaréen. Il balance entre la loi et la grâce. Il croit à l’amour universel, mais il pratique en­core les rites de la religion juive...

Deux hommes inquiets, tiraillés à leur manière par une étrange brêche ouverte dans leur conscience, et qui, soudain, comprennent que l’homme est destiné à se réconcilier avec lui-même...
   Corneille s’avance, le premier. Ainsi, parfois, sous les traits de l’incroyance ou de l’athéisme, des mes­sagers en manque d’amitié et de partage, dans leurs solitudes et leurs perplexités, se rapprochent des Égli­ses et des chrétiens et voient se fissurer leurs certi­tudes ou leur « langue de bois ». Cependant, le dia­logue des chrétiens avec le monde ne souffre au­cune sujétion de l’un des partenaires, surtout s’il se dit in­croyant.

« Lève-toi, moi aussi, je suis un homme », lance à Corneille, agenouillé devant lui, Pierre qui ne de­vien­dra jamais le centre du monde. L’Église ne pour­ra prétendre à aucune autre prééminence que celle du service. « Il n’y a plus ni juif, ni grec, ni esclave, ni homme libre, ni athée, ni religieux ».

Ac 10:24-28