ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie



Parole  et  Sacrements


Normes doctrinales de la Confession de foi






3- La Cène du Seigneur A




Magnum Dictionarium, de P. Danet, 1691





Présentation

Parole de Dieu et Écriture sainte

Le Baptême

La Cène du Seigneur
* Analyse
L'institution de la Cène
Le repas de la Nouvelle
  Alliance
Jésus-Christ, le donateur
  et le don
Le Corps du Christ
Le banquet du Royaume
L'action de grâces
Notes de synthèse



Les textes d'accord :
Parole de Dieu et Écriture
  sainte
Baptème au nom du Père,
  du Fils et du Saint-Esprit
La Cène du Seigneur


e rapporteur au Synode national d’Avignon a déclaré, à propos de ce troisième Texte d’accord que « le texte sur la Cène tient compte des plus importantes recher­ches exégétiques récentes. La dimension eschato­logique et universelle du repas, son sens d’eu­charistie sont nettement soulignés » (Actes, 1969, page 205). Pour notre part, nous avons procédé dans l’analyse de ce troisième Texte d’accord à une étude formelle paragraphe par paragraphe, suivie d’une synthèse.

   La figure du personnage sacré et religieux dont l’image a été présentée à propos du baptême, est désignée ici par trois concepts : « le Seigneur », « le Christ » et « Jésus-Christ ».
   Le concept de « Seigneur » est associé au nom de « Jésus », ou à l’expression « Jésus-Christ » ; mais il est aussi qualifié de « ressuscité et glorifié » A ; ou encore il est désigné par l’expression rituelle « notre Seigneur Jésus-Christ » A. Sous ces quatre formes, le concept de « Seigneur » est noté onze fois dans le texte d’accord, huit fois comme sujet et trois fois com­me prédicat.
   Le concept de « Christ », quant à lui, est cité dou­ze fois, dont une associé au concept d’éternité (« tou­jours le même, hier, aujourd’hui, éternellement » A). Le concept de « Christ » est huit fois sujet et quatre fois prédicat .
   Enfin, l’expression « Jésus-Christ » est utilisée quatre fois, associée trois fois au repas de la Nouvelle Alliance et une fois au paragraphe consacré à « Jésus-Christ, le donateur et le don » A. Il est une fois sujet et trois fois prédicat.
   En bref, les deux termes de « Christ » (douze fois) et de « Seigneur » (onze fois) sont majoritairement su­jets d’une action ; l’expression « Jésus-Christ » n’apparaît que pour un tiers des citations dans le sens de prédicat. C’est pourquoi, il nous a paru intéressant d’étudier l’emploi de ces deux concepts de « Sei­gneur » et de « Christ » dans le cours de ce texte d’accord.


L’institution de la Cène A

   Seul le terme de « Seigneur » y est employé. Com­me sujet (une fois), il combine les deux notions de « Seigneur » et de « Jésus-Christ » dans la grande formule rituelle et sacrée : « notre Seigneur Jésus-Christ  A», qui solennise l’institution de la Cène. S’y adjoint l’acte de la confession de foi : « nous confes­sons que notre Seigneur Jésus-Christ... » A.


Le repas de la Nouvelle Alliance A

   L’expression de « Jésus-Christ » y est dominante : une fois comme prédicat « l’Église reçoit Jésus-Christ, le don de Dieu » A, et deux fois comme sujet (« Jésus-Christ le donateur » A et « Jésus-Christ chef de l’Église » A).


Jésus-Christ, le donateur et le don A

   Il s’agit là d’un paragraphe central (neuf citations) qui explicite l’activité du personnage sacré et religieux. L’usage des deux termes « Seigneur » et « Christ » y est équilibré (quatre fois chacun). « Jésus-Christ » y est nommé une fois.

   Le « Seigneur » s’y présente trois fois comme sujet (« Le Seigneur nous communique la grâce de sa présence » A ; « le Seigneur ressuscité et glorieux... vient vivre en nous » A ; « le Seigneur Jésus est... présent et agissant dans son Église » A), et une fois comme prédicat (« le mode de présence du Seigneur est un mystère » A). Le personnage sacré est donc mis en relation avec sa présence dans l’Église et en chaque chrétien, et son « mode de présence » est qualifié de « mystère ».

   Le « Christ » se présente trois fois comme sujet « Le Christ nous rappelle son sacrifice sur la croix » A ; « le Christ s'est lié à cet acte » A ; « le Christ toujours le même, hier, aujourd’hui, éternel­lement, vient vivre en nous » A ; et une fois comme prédicat (« ne devons-nous jamais dissocier la réalité de la communion au corps et au sang du Christ de l’acte de manger et de boire » A. Le personnage sacré est ainsi relié aux deux concepts de sa mort (« son sacrifice sur la croix » A) et de sa présence (« vivre en nous » A). Quand il est « prédicat », il est rapporté à « l’acte symbolique de manger et de boi­re » A, à l’acte de communion.

   « Jésus-Christ » s’y présente une fois comme pré­dicat (« celle – la destination nouvelle des espèces – de nous communiquer le don de Dieu en Jésus-Christ » A). Cette expression prédicative est relative à l’expression prédicative du Christ dans l’acte symboli­que du manger et du boire ; elle n’apporte donc pas de sens nouveau.

   En bref, dans ce paragraphe, les termes de « Sei­gneur » et de « Christ » (contenu du personnage sa­cré) sont employés dans le but de mettre en lumière les deux concepts liés de présence et de mort ; les aspects prédicatifs soulignant l’affirmation du mode mystérieux de cette présence et de cette mort dans les croyants. Ce mode est un « mystère de communion », symbolisé par les éléments matériels du pain et du vin. Nous retrouvons ce qui a été dit précédemment du symbole baptismal ; mais l’élément communiel, fondé sur le concept de sacrifice ajoute, néanmoins, un as­pect complémentaire à l’acte d’adhésion contenu dans le rite du baptême. Nous retrouvons également le mê­me élément de transcendance du signifié, qui est une connotation d’ordre idéologique. Enfin, le même rôle central du personnage sacré et religieux, substitut de l’homme naturel.


Le Corps du Christ A

   Le terme « Seigneur » est associé à celui de « Christ » ; mais ce dernier est prédominant. Dans les quatre cas utilisés, ces deux termes sont sujets.

   « Le Seigneur » s’y trouve une fois (« Le Seigneur qui vient demeurer en chacun des siens, les unit en lui... pour qu’ils forment son corps sur la terre » A).

   « Le Christ » est employé trois fois (« le Christ est la tête (du corps) et qu’il anime de son Esprit » A ; « dans le Christ qui s’est fait serviteur des hommes jusqu’à donner sa vie pour eux » A ; « Dans la Cène, le Christ atteste, fortifie et renouvelle l’unité de la communauté fraternelle » A). Le personnage sacré, plus explicitement nommé ici « le Christ » est cité pour exprimer particulièrement le concept d’unité des chrétiens, à travers l’union mystique ou transcendante avec le personnage sacré et religieux, réalité du monde nouveau.

   Un nouveau transfert se produit donc : à la substi­tution de l’homme-type (sacralisé) à l’homme naturel (profane, sans capacité personnelle) s’ajoute, en effet, la substitution de la « réalité du monde nouveau » A, signifiée par l’Église (le corps de l’homme-type sacra­lisé et religieux), à un monde profane de vanité. Le concept d’unité se réfère à la notion de présence du Christ dans chaque chrétien, lien de la communauté fraternelle, expression de la « réalité nouvelle » A comme « témoignage et service » A.


Le banquet du Royaume A

   Le terme de « Seigneur » est aussi associé à celui de « Christ », mais ici, c’est le premier qui prédomine. Trois fois sur quatre, ces deux termes sont sujets.
   « Seigneur » apparaît trois fois. Comme sujet (« Le Seigneur a institué la Cène dans le temps qui va de l’ascension à son retour » A ; « en lui donnant la Cène, le Seigneur permet à l’Église de reprendre courage et persévérer » A), et comme « prédi­cat » (« la célébration de la Cène nous oriente vers l’avènement du Seigneur et nous le rend proche » A).
   « Christ » est employé une fois comme sujet (« cette Église que le Christ nourrit tout au long de sa marche discerne dans le rendez-vous eschato­logique le rendez-vous œcuménique d’Israël et de toutes les nations » A).
   Le personnage sacré et mythique (« le Seigneur ») est cité pour exprimer le concept d’espérance eschato­logique. Dans cette rencontre actuelle où le person­nage mythique et sacralisé s’offre en échange de l’homme profane, se discerne l’unité finale d’une humanité elle-même sacralisée. Les caractères actuels qui instituent et constituent cette « réalité nouvel­le » A du corps du Christ, préfigurent les caractéris­tiques finales du monde unifié dans ce personnage sa­cré. Ainsi, l’idéologie religieuse devient utopie reli­gieuse.


L’action de grâces A

   Seul le terme « Christ » est utilisé trois fois. Com­me sujet (une fois) (« Avec le Christ qui, dans la chambre haute, a rendu grâces pour toutes choses, en rompant le pain et en élevant la coupe... » A), et comme prédicat (deux fois) : (« En présence du sacrifice unique du Christ sur la croix, l’Église dans la Cène offre en retour le sacrifice de sa louan­ge » A ; « dans l’unité du corps du Christ, chaque fidèle offre le sacrifice de tout son être pour le service de Dieu et pour le service des hommes » A).
   Le phénomène religieux de « l’action de grâ­ces » A est un terme analogique de celui de la « pri­ère ». Son effet psycho-sociologique dans le groupe communautaire et en chaque membre en interaction dans le groupe, est destiné à permettre une appropri­ation : ce que le texte d’accord appelle « une énumé­ration des grâces reçues et des promesses sai­sies » A. L’action de grâces devient ainsi un nouvel élément, peut-être décisif, favorisant la cohésion du groupe. En effet, en appelant à la conscience claire les raisons particulières pour chacun d’avoir sa place dans le cercle communautaire, l’action de grâces fortifie , dans le même temps, le lien qui unit chacun au groupe au moyen de la même référence au personnage sacralisé et mythique.




Mémoire présenté en juin 1970




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tc183000 10/09/2018