ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie


Au risque de croire





Église en dialogue avec le monde :
dialoguer aujourd’hui


Sommaire

Préface
Quittez un monde bon
Vivre la foi dans le siècle

Présence de l’Église au monde

Église en dialogue avec le monde
- Quête du Christ
- Dialoguer aujourd’hui
  . Le dialogue aujourd'hui
  . Structures de dialogue
  . Situation sans espoir ?
- Parole et image

Itinérance : une quête du sens

Croire au-delà des perplexités

En écoutant l’Alléluiah d’Hændel




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Une situation sans espoir ?


   Est-ce sans espoir ? Nous ne condamnerons pas, pour autant, irrévocablement les paroisses. En effet, au sein de ces paroisses conservatrices, un bouillonnement, des tensions, se font jour. Il y a sans doute, dans le protestantisme français actuel et dans les Églises en général, une crise profonde. Au sein de « l’Église de papa », cette Église du passé, une recherche pleine de promesses s’élabore et s’étend, et on parle déjà de « nouvelle Réforme ».
   Pour reprendre la parabole des talents, les Églises retrouveront, je pense, le sens de leur fidélité dans le risque de l’amour. Les serviteurs fidèles de la parabole sont ceux qui ont confié leur argent aux « banquiers », ces solides usuriers antiques, et non à de petits saints ! Voici affirmé que le « dépôt » de l’Évangile n’est véritablement « conservé » que dans le risque des situations et des événements « impurs » de ce monde. On pourrait avancer que l’Évangile est enrichi dans la mesure où le monde lui-même le prend en dépôt ! L’amour se réalise dans ce risque du dialogue, dans cet enrichissement du dépôt livré dans l’inconnu du devenir.
   Il ne s’agit donc pas de condamner les paroisses traditionnelles, mais sans doute convient-il d’envisager deux possibilités. De toutes façons, nous entrons dans le temps de l’invention, de l’imagination, expression du risque de l’amour, de la liberté de l’Esprit.
   Dans le cas des paroisses traditionnelles existantes, il est urgent de réaliser la prise de conscience de leurs enracinements illusoires actuels, et d’inventer des enracinements mieux adaptés au milieu humain contemporain. Que signifie aujourd’hui pour le protestantisme français le phénomène de dispersion, non comme un mal à combattre, mais comme une chance à exploiter ? Ainsi, à l’intérieur des paroisses traditionnelles, là où elles existent encore, il importera de chercher à établir des structures de dialogue avec le monde, les mettre en état de dialogue, c’est-à-dire que tous éléments de vie des paroisses seront centrés sur le monde, puisque l’Église vit pour le monde et non pour elle-même.

   Signalons quelques-uns des lieux traditionnels des paroisses qui devront être ainsi « convertis au monde ».
   Le culte, dans sa forme et dans son contenu, dans son expression liturgique et dans sa parole, perdra son caractère sacré pour devenir mondain. Aimer Dieu et aimer son prochain ne sont-ils pas un seul et même commandement ? « Celui qui dit « j’aime Dieu » et qui méprise son frère est un menteur. Car comment aimer Dieu, qu’on ne voit pas, si on n’aime pas l’homme prochain qu’on voit ? ». Le culte ne sera plus l’affaire d’un homme – le pasteur – mais d’équipes qui chercheront à situer « parole et sacrement » au cœur des événements (personnels, sociaux, politiques, du quartier, de la cité ou du monde), et non plus tournés vers la communauté religieuse, même fraternelle.
   La catéchèse sera dégagée des formulations dogmatiques, de l’ordre de l’enseignement ex cathedra par réponses établies ; elle suscitera, au contraire, les questions posées par la réalité de la vie des jeunes (dans leur vie personnelle actuelle, familiale, de lycéen ou d’ouvrier) et appelant de leur part une réponse libre, une responsabilité dans l’invention et le risque.
   En outre, il conviendra de créer des structures d’accueil, multiples et souples, facilement adaptables à de nouvelles situations et, dans le même temps, limiter au minimum indispensable les activités internes pourvoyeuses de ghettos en favorisant l’existence d’équipes ouvertes au niveau du quartier, de cellules mixtes de chrétiens et de non-chrétiens.

   Dans le cas où la paroisse traditionnelle n’existe pas, ou si elle est en voie d’extinction, que ce soit dans les villes nouvelles, les grands ensembles ou les zones de grande dissémination, toutes les structures à inventer devront prendre figure de dialogue, c’est-à-dire de service et de gratuité, d’ouverture et de disponibilité, en particulier dans le domaine des immeubles et de l’architecture. Ce lieu d’implantation prendra forme de carrefour pour être reconnu par tous comme « centre d’échanges ». Structures de dialogues par conséquent, les équipes et les groupes ouverts sans préalables, dans lesquels des hommes et des femmes, d’horizons culturels, philosophiques et confessionnels divers, pourront mettre en partage leurs options et leurs engagements.
   Dans le même temps, que les chrétiens soient des participants dans tous les lieux où les hommes d’aujourd’hui vivent et agissent (foyers de culture, ciné-clubs, foyers de jeunes, syndicats, mouvements politiques et sociaux, etc.), non point pour « noyauter » ces organismes ou mouvements et leur apporter les « solutions chrétiennes », mais sans a priori, dans l’écoute et la recherche mutuelles pour une action commune, qu’ensemble il faudra, chaque fois, inventer à partir des situations et des données réelles.






juin 1971




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