ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ernest-Émile
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Les Fresques |
IntroductionLes contextesLe bâtimentLes fresques- Lire les fresques- Le péché originel - L’entrée de Jésus dans Jérusalem - La cène - La crucifixion - L’apocalypse de Jean ConclusionBibliographie. . . . . . - o 0 o - . . . . . . |
La fresque de l’Apocalypse de JeanLa dernière fresque se trouve sur la voûte. ![]() Elle reproduit une sorte de rêve : la vision qu’a eue Jean. Jésus, après sa mort, est assis sur un siège sculpté et doré qui ressemble à un trône. On ne voit que ses jambes et son grand manteau rouge (lumière). Il est entouré d’une mandorle, forme en amande qui entoure le Christ. Autour de lui, on voit les symboles des quatre évangélistes. Il ne reste qu’en bas, à droite, un taureau ailé représentant Luc, et à gauche le lion de Marc. ![]() ![]() Chacun de ces symboles peut représenter une étape de la vie de Jésus : une sorte d’ange avant la naissance, la venue sur la terre, puis la vie de travail difficile du taureau qui sera sacrifié, ensuite, le triomphe du lion après sa mort, et la métamorphose en aigle qui s’envole vers le ciel et qui est le seul à pouvoir regarder le soleil en face. L’Apocalypse, foisonnant de symboles hermétiques, de feu et de sang, de catastrophes effroyables et de triomphes glorieux, est l’un des textes les plus illustrés, depuis le Beatus médiéval jusqu’aux tapisseries angevines de Lurçat. Ce n’est pas un texte de terreur mais de désir. Justin, vers 160, est le premier à identifier l’auteur avec Jean, puis Irénée à la fin du IIème siècle arrive à la même conclusion : l’auteur serait Jean fils de Zébédé. Marchadour, spécialiste de Saint Jean, n’en est pas si sûr, seulement que l’auteur faisait partie du cercle rapproché des apôtres. Le désir de Jean s’enracine dans l’expérience de la persécution et de l’exil. La plupart des exégètes s’accordent pour dater l’écriture de l’Apocalypse de la fin du Ier siècle, ce que laisse penser l’usage fréquent du mot Babylone pour désigner Rome, ainsi que la situation de persécutions antichrétiennes. Le désir dans l’Apocalypse porte surtout sur la fin du monde. Dès les débuts du christianisme, une lecture eschatologique a été privilégiée, du fait des notations temporelles, des allusions au retour du Christ, des promesses faites aux Églises et du combat final entre le Christ et les forces du mal, prélude à l’avènement d’un monde nouveau. Une manière de dire la foi et l’espérance chrétienne par-delà le temps. Origène, dans sa Préface sur l’évangile de Saint Jean (et dans ses Homélies) cite les oracles de l’Apocalypse, mais également les oracles des sibylles. Denis d’Alexandrie, vers le milieu du IIIème siècle, dit que presque tous les « docteurs » rejetaient l’Apocalypse comme étant un livre dépourvu de raison, estimaient que ce texte n’avait pas été composé par Saint Jean mais par un certain Cérinthe, lequel s’était servi d’un autre nom pour donner plus de poids à ses rêveries. Sulpice Sévère, dans son Histoire Sacrée, reconnaît que l’Apocalypse n’a été rédigée qu’après la mort de Jean, mais traite d’impies ceux qui ne le recevraient pas ! L’Église a décrété que l’Apocalypse est incontestablement de Saint Jean. Le mythe du retour de Néron, apparu après la mort de l’empereur, fut un phénomène caractéristique des temps qui virent la naissance du christianisme. Il fait partie de l’atmosphère eschatologique et apocalyptique qui entourait la vie des peuples de l’Orient ancien. Son origine directe se trouve dans la politique orientale de Néron. Le mythe connut des versions différentes chez les gentils, les juifs et les chrétiens. L’Apocalypse selon Saint Jean, un des principaux documents contenant le mythe, fut écrite dans sa première version aussitôt après la mort de Néron, et c’est une œuvre juive. Les chrétiens, comme les juifs, donnèrent au mythe du retour de Néron une couleur mystique et une orientation entièrement différente de sa version originelle. Jean révèle en un seul texte la fin de tous les mondes, passés, présents et à venir, le terme de tous les cycles de vie et de conscience, aussi bien ceux des individus que ceux des royaumes et des empires, des religions et de toutes les sociétés humaines. Pour la compréhension du texte, rappelons les mots prononcés par Denis d’Alexandrie : « Ceux qui vivaient avant lui avaient rejeté l’Apocalypse parce qu’ils estimaient que ce livre est incompréhensible, qu’il n’est pas une révélation et qu’il est recouvert d’un voile épais qui en rend le contenu inintelligible ». Sur le plan purement figuratif, on imagine la gymnastique intellectuelle ou la naïveté qu’il fallait pour illustrer un texte reflétant ces rêveries parfaitement étrangères à la culture européenne. Le concept de bonne ou de mauvaise mort, de juste et de méchant, était partout présent au Moyen-Âge, et influença grandement les imagiers et les enlumineurs. L’Apocalypse étant un texte symbolique et ésotérique, les ciseaux des sculpteurs avaient autant de difficultés à traduire dans la pierre ce qu’il annonçait, qu’en avaient les prêtres pour en dévoiler les significations aux fidèles. C’est la raison pour laquelle ne sont resté marqués dans les chapiteaux et les tympans que les images et symboles les plus compréhensibles, et ceux qui pouvaient frapper les esprits d’un public qui n’avait accès ni par la lecture ni par la culture aux écrits hermétiques. Ce procédé permettait aux plus nombreux d’intégrer une partie du message spirituel contenu dans les textes, et tentait d’élever les esprits vers la spiritualité. Au-delà du message spirituel, l’Apocalypse nous entraîne dans un domaine absolument imaginaire dans lequel les animaux fabuleux semblent détenir les clés du destin des hommes, où une bête monstrueuse personnifie le mal, tandis qu’un agneau immaculé illumine le monde. On peut appeler cela une fantasmagorie illustrant un jeu d’énergie. C’est la raison pour laquelle on peut analogiquement vivre les différentes phases de l’Apocalypse sur le plan individuel tout en les reconnaissant dans les événements collectifs, et dans la société à laquelle on participe : c’est le principe fondamental de tout processus symbolique. Au-delà des analyses purement religieuses et mystiques, il apparaît que l’Apocalypse est un vademecum permettant de se préparer à un irrémédiable bouleversement. En ce sens, cette préparation tient de l’enseignement initiatique et contribue, du vivant des êtres, à leur perfectionnement spirituel. C’est d’ailleurs dans ce sens que l’Apocalypse est comprise de nos jours. La fresque de la voûte de Saint Pierre de Rouilhac, doit être comprise comme peinte dans un contexte historique particulier du Midi de la France, contexte où un monde était en phase de s’effondrer pour donner place au nouveau monde économique, juridique et théologique. |
te014600 : 03/01/2018