La multiplication des pains :
Prologue
La première remarque que j’ai faite en lisant ce texte, c’est qu’il n’avait pas été nécessaire d’accomplir un miracle pour rassasier toute cette foule, mais qu’il avait suffi de partager entre tous la nourriture que chacun avait apportée avec lui. Le miracle n’existe que dans le récit et
Marc, l’auteur, le fait accomplir par
Jésus afin que le lecteur ait motif de croire qu’il n’était pas un simple
prophète, mais le
Christ, le
Fils de
Dieu (
Mc 1:1). Ainsi, dans le récit, le but de
l’écrivain prévaut sur celui poursuivi par
Jésus dans un repas fraternellement partagé.
Il m’incombe de prouver cette affirmation par une analyse critique. C’est pourquoi je ferai une première analyse du récit en cherchant à ramener le repas miraculeux
à un autre qui s’accomplit simplement par le partage communautaire de la nourriture que chacun avait apportée avec lui.
Une
deuxième analyse suivra pour prouver que le récit miraculeux que
Marc fait du repas est motivé par un but publicitaire de croyance en la personne divine de
Jésus. Le lecteur se trouvera plongé brusquement dans le problème qui pèse sur les évangiles, agités intérieurement par une contradiction entre la « bonne parole » annoncée par
Jésus et l’interprétation qu’en donnent
ses disciples.
Dans ma
troisième réflexion je mettrai en évidence que
les disciples, comme
Paul et les
auteurs des évangiles, transforment cette parole de foi en un système théologique de la nature divine de
Jésus, et son exploit en l’accomplissement de la création du cosmos. Ainsi, le salut va du niveau de l’existentiel à la dimension métaphysique de l’être par un processus de sublimation qui, cependant, demeure mythologisation. Je poserai la question des miracles attribués au
Christ, et donc en dehors de la réalité de l’être de
Jésus.