ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisDe Jésus-Christ à JésusÉtude référentielle et archéologique des évangiles |
La personne de Jésus : |
Avertissement Sommaire Introduction Les Écritures et le salut Jésus, de sa naissance à sa résurrection La personne de Jésus - Conception et naissance - Prophète de la paternité de Dieu - Le sacrifice de la mort - Une parole sur la croix - La vie de Jésus - La mise au tombeau . Les récits . Le témoignage de Paul . Analyse sémantique . Analyse référentielle - Tombeau vide et résurrection . . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . . |
Le témoignage de PaulTrouvons-nous chez Paul des affirmations qui puissent accréditer la mise de Jésus au tombeau par Joseph d’Arimathée ou l’ignore-t-il ? Dans ce cas, elle ne serait qu’une création des auteurs des évangiles, en vue d’offrir à la foi en la résurrection de Jésus une preuve certaine. Nous trouvons chez Paul une allusion à l’ensevelissement de Jésus dans l’épître aux Corinthiens, au chapitre quinze, où il transmet aux fidèles de cette Église le fondement de leur foi : « Je vous ai enseigné avant tout, comme je l’ai aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, il a été enseveli et il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures… » (1 Co 15:3-4). De ce texte, il apparaît tout d’abord que l’apôtre parle de Jésus comme étant le Christ des Écritures, venu dans le monde pour accomplir la rédemption des hommes du péché, en sorte qu’indifféremment il peut l’appeler « Christ », ou « Jésus-Christ », ou simplement « Jésus ». Pour comprendre les paroles de l’apôtre, nous rappellerons les thèmes scripturaires, dont l’interprétation constitue le fondement de son message de salut. Après avoir créé l’homme comme un être immortel, Dieu le met dans un « jardin » fait pour lui, en Éden, à l’Orient. Il l’oblige cependant à ne pas manger des fruits de l’arbre de « la connaissance du bien et du mal ». Le mangeant et ayant cette connaissance, il aurait cherché aussi à cueillir et à manger le fruit de « l’arbre de la vie » pour vivre éternellement et être comme Dieu. Mais l’homme cueille et mange le fruit de la connaissance du bien et du mal, en sorte que Dieu le chasse du jardin, le rejetant sur la terre, d’où il avait été tiré, et où il ne pourra vivre que pour mourir (Gn 2-3). Les Écritures montrent que, par la suite, Dieu fait alliance avec Abraham et bénit sa génération afin qu’elle soit porteuse d’une promesse de rédemption du péché par le Christ. Celui-ci vient dans le monde, rachète par sa mort les hommes du péché et accomplit les promesses de Dieu à Abraham, étendant à tous les hommes la bénédiction qu’il lui avait donnée et leur ouvrant le chemin vers l’immortalité d’origine. Le Christ vient dans la personne de Jésus qui, par « sa mort, l’ensevelissement et sa résurrection » accomplit l’œuvre de rédemption. Cette trilogie de l’événement du salut exprimé par Paul s’inscrit dans ce « système » de foi. Or en celui-ci nous saisissons la mise au tombeau de Jésus comme moment déterminant entre la mort et la résurrection. En cela, il y a accord entre les récits des évangiles et Paul, mais il convient d’en relever aussi les différences. Dans les évangiles, on lit que Joseph met le corps de Jésus dans un « tombeau » (mneméion). Ce mot, qui dérive de « mnemeia » (souvenir), implique que le lieu où le corps de Jésus est mis est un sépulcre. Or, celui-ci se distinguait de la « fosse » (tombe) dans la mesure où il était un monument. Mais pourquoi ? Pour qu’en le regardant on ne se souvienne pas d’un mort, mais du ressuscité, du Christ Sauveur. On constate ainsi que les évangiles, conformément à la pensée de Paul, rapportent une mise au tombeau et non un enterrement, précisément pour qu’on croie que Jésus est mort pour ressusciter, étant le Christ. En effet, ils rapportent ce que Jésus a fait ou dit, en le faisant suivre par des signes aptes à le reconnaître comme étant le Christ, né « d’une vierge » « mise enceinte » par le « Saint Esprit » (Mt 1:18). Jésus guérit-il des malades ? Oui, mais par des impositions des mains. Ressuscite-il des morts ? Oui, mais en les appelant à la vie ! (Jn 11:43) Est-il mis dans le sépulcre ? Oui, dans un « tombeau », berceau de sa résurrection. Quant à Paul, il n’a pas de soucis propédeutiques, craignant qu’il puisse inconsciemment nous donner à penser qu’il nie que Jésus est le Christ. Au contraire il y croit, même quand il fait appel à des signes qui, curieusement, semblent le nier. Il est « fils de Dieu… né d’une femme » (Ga 4:4) ! Il rachète les hommes de la mort, en mourant sur la croix. Il ressuscite, parce qu’il est enseveli en la terre des origines, d’où l’homme a été extrait. Ainsi le mot « tombeau » (mneméion), qui sera employé, comme je viens de dire, par les évangiles, est absent. On trouve dans la première épître aux Corinthiens : « Il est mort… il a été enseveli, il est ressuscité » (apétanen, étapse, egégertai) (1 Co 15:3-4). Il n’a pas besoin d’ajouter le mot « tombeau », parce qu’il n’est enseveli que comme homme maudit par la loi, par le transfert en lui de la malédiction qui tombait sur les hommes « pendus au bois ». Il convient dès lors de se rapporter à un autre texte. « Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu malédiction pour nous (étant écrit : maudit est quiconque est pendu au bois) afin que la bénédiction d’Abraham ait pour le païen son accomplissement en Jésus-Christ » (Ga 3:13-14). Nous retrouvons dans ce texte la triade mort, ensevelissement et résurrection, mais éclairée par les mots de « malédiction » (katara) et « bénédiction » (eulogia). La mort de Jésus est assimilée à celle du « pendu au bois », selon la Loi. Celui-ci est l’homme condamné à la pendaison, peine considérée comme affectée de la malédiction divine. En tant que maudit, le condamné ne pouvait pas rester « pendu au bois » après le coucher du soleil parce que sa malédiction serait retombée sur les hommes. On devait alors le détacher et l’enterrer. Voici le texte de la loi du « pendu au bois » : « Son cadavre ne passera point la nuit sur le bois ; mais tu l’enterreras le jour même, car celui qui est pendu est un objet de malédiction auprès de Dieu et tu ne souilleras point le pays que l’Éternel, Dieu, te donne en héritage » (Dt 21:22-23). Par cette assimilation, on peut conclure que Jésus non seulement n’a pas été mis dans un « tombeau », mais qu’aussitôt descendu de la croix il a été enterré, selon la loi établie pour les condamnés à la peine capitale, hors du sol habité par le peuple, car c’est une terre bénie. Cependant, cet enterrement ne peut pas peser sur la foi en la résurrection, parce que celle-ci n’est pas conditionnée par la sépulture et ne peut devenir objet de foi que par le témoignage du ressuscité lui-même. On pourrait dire, au contraire, qu’il sous-tend la foi en sa résurrection, parce que Jésus n’aurait pas pu racheter les hommes de leur péché s’il n’avait subi une peine de rachat qui égale celle inhérente au péché. Condamné à mort, l’homme est maudit, un « pendu au bois ». C’est donc par cette malédiction que sa peine égale celle de l’homme et vaut le prix du rachat. On peut exprimer la pensée de Paul ainsi : de même que l’homme a été chassé du jardin de l’Éden sur la terre d’où il avait été extrait, de même Jésus, mort et maudit, a été jeté sur la terre, mais de la terre il est ressuscité, le premier homme au-delà de la mort. Puisque cette représentation est tout à fait opposée à celle du récit des évangiles sur la mise de Jésus au tombeau mais conforme à la pensée de Paul, elle nous laisse devant l’alternative de l’affirmer ou de la rejeter. Cela confirme que les récits des évangiles rapportent les faits concernant Jésus non comme ils se sont déroulés, mais comme ils « devaient » s’accomplir sur le modèle du Christ des Écritures, selon l’interprétation donnée par les auteurs des évangiles : ce ne sont pas des récits d’histoire, mais d’interprétation de foi. Il convient dès lors de chercher à comprendre les raisons qui ont poussé les auteurs à les écrire et aussi, au préalable, comment l’ensevelissement de Jésus a pu s’accomplir concrètement… Sans savoir vraiment où ce mystère de rédemption s’est accompli, si c’est dans l’univers du monde, ou dans celui de l’existence humaine et de la parole. |
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![]() ![]() ![]() ![]() ![]() tf136200 : 03/10/2018 |