ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


De Jésus-Christ à Jésus


Étude référentielle et archéologique des évangiles




La personne de Jésus :

La mise au tombeau de Jésus




Avertissement
Sommaire

Introduction

Les Écritures et le salut

Jésus, de sa naissance à sa résurrection

La personne de Jésus
- Conception et naissance
- Prophète de la paternité
   de Dieu
- Le sacrifice de la mort
- Une parole sur la croix
- La vie de Jésus
- La mise au tombeau
  . Les récits
  . Le témoignage de Paul
  . Analyse sémantique
  . Analyse référentielle
     - La remise du corps
     - Joseph d’Arimathée
- Tombeau vide et
   résurrection



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Critique référentielle :
La remise du corps de Jésus à Joseph d’Arimathée


   Nous avons vu, par l’analyse du récit, que le corps de Jésus n’a pas été donné par Pilate aux envoyés du sanhédrin, auxquels il appartenait pourtant puisque c’était le tribunal qui l’avait condamné, mais à un certain Joseph d’Arimathée, qui le lui demandait à titre personnel, en faveur des disciples de Jésus. Pourquoi ce détournement de la part du procurateur romain d’une obligation à lui imposée par la loi ? Le sanhédrin n’était-il pas le véritable possesseur du corps de Jésus, le belligérant pour lequel les Romains avaient conduit et gagné la guerre ? Le texte de Jean en introduction de cette remise du corps de Jésus nous en suggère les raisons.
   En principe le sanhédrin aurait dû recevoir des Romains le corps de Jésus, car c’était lui qui le leur avait remis pour le juger. Or il se trouve que le sanhédrin envoie l’après-midi ses hommes chez le procurateur non pour demander et reprendre le corps, mais pour lui demander d’ordonner de briser les jambes des crucifiés afin qu’ils ne restent pas pendus sur la croix à la tombée du jour, car c’était la Parachève, veille du sabbat.
   Et la reprise du corps de Jésus ? Elle s’accomplit, mais par une autre personne, un certain « Joseph d’Arimathée », qui serait par surcroît membre du sanhédrin mais qui s’était opposé à la condamnation de Jésus. Y aurait-il eu une scission ouverte entre les membres du sanhédrin ? Non, puisqu’aucune tension ne se manifeste.
   J’ai alors supposé que le sanhédrin avait renoncé à reprendre le corps de Jésus, laissant le procurateur romain arbitre de sa destination. Ce renoncement me donne à penser qu’il y avait eu au sanhédrin une volonté de conciliation avec les disciples de Jésus, leur permettant de reprendre le corps de leur maître. En effet Joseph demande à Pilate le corps de Jésus dans ce but, sans faire aucune mention d’un conflit. Tout se passe comme si les parties adverses, le tribunal romain et le sanhédrin étaient d’accord, les disciples de Jésus étant, sinon heureux, du moins indifférents à ce changement.

   Or, c’est à partir de cette supposition que j’ai douté de l’objectivité du texte et que j’ai commencé à le soumettre à l’analyse référentielle. En effet, en portant mon attention sur les rapports existant entre le tribunal prétorial et le sanhédrin, je n’ai trouvé aucune raison qui aurait pu justifier un renoncement à la reprise du corps de Jésus par celui-ci, car il ne s’agissait pas de relations personnelles, susceptibles de subir des changements selon les humeurs des contractants, mais d’un engagement juridique.
   Le tribunal prétorial et le sanhédrin étaient liés, en tant qu’organes du pouvoir de justice des deux États, par un jugement pénal, il fallait que les deux sujets accomplissent leur mandat selon le droit et non selon leurs sentiments personnels. La loi exige des juges qu’ils se prononcent selon la vérité des faits, vérifiés selon les normes du droit. Au sujet de Jésus, Rome avait exigé du sanhédrin qu’il le livre, pour qu’elle le juge pour son compte, de même que le sanhédrin attendait d’elle qu’elle le remette, pour pouvoir reconnaître sciemment, selon ses propres lois, la condamnation de Jésus. Les deux pouvoirs étaient dans une relation de justice, qui imposait à l’un la livraison du corps du condamné, à l’autre sa réception.
   Cette constatation m’obligeait à reconnaître que le corps de Jésus devait être remis au sanhédrin et non aux disciples de Jésus. Comment donc les évangélistes ont-ils pu renverser la situation en supposant, comme nous avons vu, l’existence d’une entente entre Pilate et le sanhédrin ? C’est qu’ils n’avaient pas d’informations personnelles sur le fait et que, d’autre part, celles que les juifs répandaient du sanhédrin étaient tout à fait opposées à leur foi en Jésus. Car si les Romains avaient remis le corps de Jésus au sanhédrin, il aurait été enseveli selon la loi des « pendus au bois », et donc comme un homme maudit par Dieu, sans aucun culte et dans une terre marquée par « interdit », pour n’en pas être souillée. Les évangélistes ont donc refusé les informations juives, pour chercher à connaître la réalité de l’ensevelissement de Jésus selon Paul et les Écritures, puisqu’ils ne purent disposer d’informations plus fiables.

   Nous savons ce que l’apôtre avait transmis à cet égard. Les juifs avaient condamné Jésus à la peine capitale selon la loi des « pendus au bois », peine qui fut exécutée par la « pendaison » sur la croix. Il n’y avait pas de doutes que cette mort fût soumise à la « malédiction ».
   Mais les évangélistes pensaient que Jésus subissait cette mort comme victime d’un sacrifice, qui devait racheter les hommes du péché des origines. Qu’on le rappelle : l’homme vivait comme immortel dans le « jardin » de l’Éden ; il pécha pour avoir cherché à être l’égal de Dieu et il fut frappé par l’anathème de Dieu et chassé du jardin. Par sa mort, Jésus libérait l’homme en devenant dans le sacrifice le maudit de Dieu.
   Mais la malédiction ne pouvait peser sur lui que jusqu’au moment où l’homme en serait libéré. La rédemption accomplie, la malédiction n’existait plus, ni en Jésus comme victime, ni dans l’homme. Mort, Jésus n’était plus un homme maudit mais béni, réalité du premier homme libéré de la malédiction, de l’homme sorti de la mort et prêt à prendre le chemin de son retour au jardin de l’Éden, lieu de l’immortalité. La compréhension du mystère de la mort de Jésus accroche les évangélistes au message de Paul. L’apôtre avait bien affirmé que la mort de Jésus s’était accomplie par la loi des « pendus au bois », donc par sa malédiction, mais puisque celle-ci n’existait plus en lui une fois sa mort advenue : une fois enterré Jésus n’était plus sujet à la malédiction, mais en attente de l’accomplissement de sa résurrection.

   Jésus ne pouvait donc être jeté dans une fosse de maudits ni par les Romains, ni par les juifs du sanhédrin, car il devait être mis dans un tombeau, en l’attente de l’accomplissement de sa résurrection. Il devait être enseveli non pour pourrir, mais pour ressusciter comme l’homme des origines.



août 2012




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