ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


De Jésus-Christ à Jésus


Étude référentielle et archéologique des évangiles




La personne de Jésus :

La mise au tombeau de Jésus




Avertissement
Sommaire

Introduction

Les Écritures et le salut

Jésus, de sa naissance à sa résurrection

La personne de Jésus
- Conception et naissance
- Prophète de la paternité
   de Dieu
- Le sacrifice de la mort
- Une parole sur la croix
- La vie de Jésus
- La mise au tombeau
  . Les récits
  . Le témoignage de Paul
  . Analyse sémantique
     - La remise du corps
     - La mise au tombeau
  . Analyse référentielle
- Tombeau vide et
   résurrection



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Analyse sémantique des récits :
La remise du corps de Jésus par Pilate à Joseph d’Arimathée


   Dans le survol critique de ce texte sur la mise au tombeau de Jésus, j’ai fait allusion à l’étrangeté de ce récit, qui demeure en dehors de son contexte comme de la réalité de sa référence. Nous avons vu que Joseph aurait dû échouer s’il avait tenté d’obtenir de Pilate le corps de Jésus, parce qu’il ne remplissait pas les conditions exigées pour sa remise.
   Je me fonde sur la constatation que la situation d’existence de Jésus, en tant que condamné, était spéciale. En effet, ayant été accusé non seulement pour outrances de langage contre les autorités politiques et religieuses du pays, mais aussi pour avoir cherché l’abolition du pouvoir politique sacerdotal, Jésus n’aurait pas pu échapper à la condamnation à mort par Caïphe (Jn 18:24), grand-prêtre au pouvoir. Or les juifs, ne pouvant pas exécuter cette condamnation puisque les Romains s’étaient réservé le droit d’infliger la peine capitale (Jn 18:31), durent remettre Jésus entre leurs mains. Les Romains n’avaient donc exécuté Jésus que pour le compte des juifs, et ils devaient leur remettre son corps après son exécution. Pilate, homme certes habile et rusé, aurait pu ne pas tenir compte de cette obligation, mais il aurait rencontré une réaction violente de la part des juifs outragés dans leur droit.

   Cherchons à suivre comment ces actes se sont déroulés suivant les récits évangéliques, et conformément à leur interprétation des faits, sans omettre une critique dialectique pour autant, afin de saisir leur méthode d’approche des faits. Nous choisissons le récit de Jean, parce que le plus complet à cet égard (Jn 19:31-35).

   Cela faisait déjà trois heures que les crucifiés pendaient sur la croix quand « les juifs demandèrent à Pilate qu’on rompe les jambes aux crucifiés et qu’on les enlève » (Jn 19:31). Ils alléguaient la raison que, étant dans le jour de parachève, on ne pouvait pas laisser les condamnés pendus sur la croix jusqu’au soir. En effet, étant des hommes maudis, et sous la loi des « pendus au bois », ils auraient infecté de leur malédiction les vivants et les morts.
   Pilate donna ordre de rompre leurs jambes et de les enlever. Par incidence on notera que les soldats, constatant que Jésus était déjà mort, ne lui brisèrent pas les jambes, mais qu’un soldat le frappa de sa lance en sorte que, de son côté, jaillirent du sang et de l’eau. L’évangéliste reconnaît dans ce fait le signe de la valeur sacrificielle de la mort de Jésus. Le sang qui coule du corps de Jésus est l’eau purificatrice des péchés des hommes.

   Ce récit est suivi par celui de la demande à Pilate du corps de Jésus par Joseph d’Arimathée (Jn 19:38). Il arrive donc que les deux groupes d’hommes se rencontrent chez Pilate.
   À la lecture, ces deux récits semblent cohérents. La venue des uns est distincte de celle des autres, et celle de ces derniers achève le but des premiers. Malheureusement, selon le contexte que nous avons plusieurs fois mis en évidence, elles s’opposent, car les deux groupes sont des adversaires, et le second demande à Pilate d’obtenir ce qu’il aurait dû remettre par droit aux premiers.
   Y a-t-il eu une intrigue de la part des seconds, ou une entente entre les deux, suggérée peut-être par Pilate lui-même en vue de la paix dans la région ? Selon le récit de Jean, il n’y a pas eu d’intrigue, car elle aurait été rapidement découverte et suivie, à juste titre, d’une violente réaction de la part des juifs. Or, non seulement il ne se passe rien, mais les deux groupes paraissent conscients de leur fonction, l’une distincte de l’autre et se déroulant successivement, les premier pour obtenir l’achèvement de la peine à l’approche du déclin du jour, le second pour obtenir de Pilate le corps de Jésus.
   Le récit se tait sur les modalités de cette entente, et ne dit rien sur elle. Il convient dès lors d’essayer de la détecter. On découvre qu’il précise que Joseph est « disciple de Jésus en secret » (Jn 19:38), titre qu’on pourrait supposer avoir été invoqué par Joseph lui-même pour assurer Pilate qu’il était en droit de demander la remise du corps de Jésus. Ce droit, il est vrai, revenait aux membres de la parenté de Jésus, mais puisque ceux-ci se trouvaient dans la clandestinité par peur d’être impliqués dans le procès, le corps de celui-ci restait exclusivement à la merci des juifs, qui estimaient que le corps revenait par droit au sanhédrin, accusateur et juge.
   On peut dès lors supposer que, puisque les membres de la parenté de Jésus étaient dans l’impossibilité de demander son corps, c’était aux amis de Jésus de descendre dans l’arène. Ayant reconnu leur droit, Pilate leur remet le corps de Jésus. Sans doute peut-on croire que le procurateur avait des motivations politiques. Le texte apparaît donc crédible.
   Mais il ne faut pas oublier qu’on se trouve dans un des textes des récits évangéliques sur ce sujet, celui de Jean. Si nous nous portons aux récits de Marc et de Luc, on trouve que Joseph d’Arimathée jouit aussi d’un autre titre, celui d’être « conseiller » du sanhédrin (Mc 15:43 ; Lc 23:50). L’hypothèse d’une entente entre les juifs et les milieux de l’entourage de Jésus apparaît donc possible sinon confirmée. On peut supposer que Joseph se présentait au nom à la fois des disciples de Jésus et du sanhédrin. Les ennemis se seraient-ils réconciliés ? Non, mais arrivés à un compromis, politique. La personne de ce compromis est donc Joseph d’Arimathée, l’homme qui vient à Jérusalem « de sa ville d’Arimathée précisément pour cet accord » (Mc 15:43).

   J’ai exploité toutes les ressources offertes par les textes ainsi que par leur contexte pour donner une réponse positive à la remise du corps de Jésus par Pilate aux disciples. Mais les fondements de cette solution ne sont que des hypothèses. Il convient dès lors de voir si on obtient la même solution dans la mise du corps au tombeau. Si celle-ci s’avère négative, il est normal que la solution donnée à la première question soit fausse ou demeure douteuse. De toute façon, toute recherche oblige à ne pas rester au niveau de la possibilité mais à parvenir à la certitude. Malgré que la première réponse soit positive, le problème demeure. Il ne nous reste donc qu’à suivre Joseph dans la mise du corps de Jésus dans le tombeau.



août 2012




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