Quelques analyses :
La résurrection
Nous avons jeté pour la résurrection un regard complet sur les quatre évangiles. Mais je crois qu’il faut revenir sur ces textes pour approfondir le problème. Car la résurrection présente à notre esprit un problème analogue à celui du tombeau : elle n’offre aucune preuve de son existence, car personne n’a été présent à cet événement supposé. Les femmes qui sont allées au tombeau le jour après le sabbat n’ont pas été témoins de la résurrection, mais du vide du tombeau. Il convient donc mener une réflexion suffisante pour nous conduire à la raison de ce vide. C’est pour cela que j’invite le lecteur à me suivre dans le retour aux textes pour examiner le problème, comme nous avons étudié celui du tombeau. Nous nous tournerons à nouveau vers les quatre évangiles.
Chez
Marc (
Mc 16:1-8)
Marie de Magdala, avec
Marie mère de
Jacques et
Salomé se rendent au tombeau au lever du soleil avec leurs parfums pour oindre le corps de
Jésus, mais à leur approche du tombeau, elles constatent que la pierre qui le renfermait a été roulée.
Entrées, elles voient un jeune homme, vêtu d’une robe blanche, qui leur dit que celui qu’elles cherchent,
Jésus, est ressuscité et qu’elles aillent l’annoncer à
Pierre. Or cette nouvelle au lieu de les emplir de joie, les épouvante. «
Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau tremblantes et hors d’elles-mêmes, avec le propos de rien dire à personne » (
Mc 16:8).
Pour
les comprendre, il faut mettre entre parenthèses
l’ange, pour reconnaître que
les femmes étaient épouvantées en pensant que
Jésus avait été donné aux
pharisiens qui, sans doute, l’avaient enterré dans une fosse d’un des terrains maudits. C’est pour cela
qu’elles se proposèrent de ne rien dire à personne.
Le texte de
Matthieu semble construit intentionnellement pour contrebalancer l’effet négatif de celui
Marc. Il fait apparaitre un
ange qui descend du
ciel comme un éclair, et en suscitant un tremblement de terre.
Les femmes sont comme mortes, pour ressusciter avec une force de conviction sans aucun signe de faiblesse... En plus, la parole prend l’air et la force d’une argumentation syllogistique apte à convaincre
les femmes de la vérité de la résurrection.
Les femmes ne sont plus accablées, comme chez
Marc, mais «
éblouies, pleines de joie, courant porter la nouvelle aux disciples » (
Mt 28:8). En plus, lors de cette course,
Jésus
leur apparaît pour renforcer leur conviction et leur joie.
Chez
Luc (
Lc 24:1-11) le récit est plus simple, mais aboutissant à des affirmations pertinentes.
Les femmes arrivent au tombeau à la pointe du jour, portant les aromates qu’elles avaient préparés pour l’onction du corps de
Jésus. Ne trouvant pas le corps de
Jésus,
elles sont très perplexes.
Deux hommes leur apparaissent et leurs demandent : «
Pourquoi recherchez-vous le vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici : il est ressuscité » (
Lc 24:5). Ils ajoutent : «
Rappelez-vous comment il vous a parlé quand il était encore en Galilée : Il faut que le fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et qu’il ressuscite le troisième jour. Et elles se rappelèrent ces paroles » (
Lc 24:6).
À leur retour
elles rapportèrent ces paroles aux
apôtres, mais «
ces propos leur semblèrent du radotage et ils ne les crurent pas » (
Lc 24:11).
Tandis que dans les textes de
Marc et de
Matthieu la résurrection est annoncée par l’homme ou les deux hommes qui leur apparaissent, ici ceux-ci envoient
les femmes à un autre témoin,
Jésus lui-même. Aussi
les femmes furent sans doute déçues que
les apôtres ne les aient pas crues, mais ce manque de croyance poussa
Pierre à se rendre au tombeau pour rechercher les signes de la résurrection elle-même, et il les trouva. Car en se penchant dans le tombeau, il constate que
Jésus n’était pas là mais qu’avant de sortir du tombeau,
il avait laissé les linges dont
il était enveloppé. Le témoin désormais était
Jésus lui-même, conformément à l’annonce
qu’il en avait donnée de son vivant.
Nous parvenons ainsi au texte de
Jean (
Jn 20:1-18).
Marie de Magdala est la seule femme qui vient au tombeau, tôt le matin, quand il faisait encore sombre. Trouvant la pierre enlevée,
elle court tout de suite chez
Pierre.
Celui-ci, accompagné par
Jean, «
le disciple que Jésus aimait » (
Jn 20:2), va au tombeau chercher les « signes » de sa résurrection. Évidemment il s’agit de preuves rationnelles, non d’apparitions
d’anges. Et
il les trouve : «
Il voit les linges gisant à terre ainsi que le suaire qui avait recouvert la tête, non pas avec les linges, mais roulé à part dans un endroit » (
Jn 20:5-7)… Ce sont les signes déjà rappelés par l’évangile de
Luc mais, en plus et plus important ici, on y ajoute le suaire. Car il a été plié, évidemment par
Jésus lui-même, le constituant d’une façon « explicite » en signe personnel de sa résurrection.
Les paroles de
Jean à ce propos présentent un intérêt spécial : «
En effet ils ne savaient pas encore que, d’après l’Écriture, il devait ressusciter d’entre les morts » (
Jn 20:9). C’est l’affirmation qui marque le passage d’une référence biblique à une argumentation rationnelle.