ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La recherche historique de Jésus



Sous le Christ, Jésus :
objectif de l’ouvrage

Sommaire

Parole de Dieu et recherche historique

Méthode d’approche référentielle

Discours religieux et analyse référentielle

Croire et penser

Esquisse d’un portrait de Jésus
- Objectifs de l’ouvrage
- La méthode
- Quelques traits de Jésus

Les évangiles, tombeau de Jésus




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   Je n’ai pas écrit ce livre (1) pour présenter une histoire de Jésus, mais pour offrir une méthode qui nous rende apte à la réaliser. La méthode est référentielle, et non spécifiquement exégétique, et elle trouve sa justification dans l’analyse critique rationnelle du discours de foi. Les quelques exemples que j’ai donnés ont pour but de faire connaître de façon pratique l’application de la méthode, et non de présenter un récit de la vie de Jésus. Leur analyse n’étant compréhensible qu’à la lumière de la méthode, il faut renoncer à les lire selon les canons de l’exégèse. L’analyse référentielle diffère de l’analyse exégétique car elle porte sur le niveau de la référence du discours, alors que la seconde demeure au niveau de son sens.

    Je prie le lecteur de juger le livre à partir de son hypothèse rationnelle de recherche. J’ai élaboré une méthode référentielle en vue de la connaissance historique, et non une méthode historique tout court, ni une méthode idéologique ou théologique. Je dis méthode référentielle en vue de l’histoire, et non simplement historique, parce qu’elle vise à savoir dans quelle mesure les évangiles, qui sont des témoignages de foi, peuvent être utilisés comme des documents d’histoire. Évidement, la connaissance historique qui découlera de cette méthode sera imparfaite, mais cette imperfection est due au caractère des documents, et non à la méthode : ce sera une méthode d’histoire par l’archéologie de la parole.
    Cette méthode n’est pas idéologique, car elle ne vise pas à introduire dans l’histoire vivante une image de Jésus, mais à retrouver l’image que Jésus a donnée de lui-même par les faits de sa vie. Par exemple, si j’affirme que Jésus a été un bâtard, ce n’est pas parce que je suis hanté par l’image du bâtard, mais parce que l’analyse m’oblige à le dire.
    Ma méthode n’est pas une méthode d’analyse théologique, car elle ne porte pas sur le sens de la parole des évangiles, mais sur le phénomène de foi qui sous-tend cette parole. Il est nécessaire de distinguer entre phénomène et valeur du phé­nomène, c’est-à-dire mettre en relation le phénomène et une valeur d’existence. Toute parole a un sens, et la parole de foi a le sien. Mais la parole ne pourrait avoir de sens si elle n’était pas conditionnée par le mécanisme d’un système de langage. Il convient donc de distinguer dans toute parole sa valeur, son sens, du mécanisme du système. Dans mon étude, j’ai cherché à mettre entre parenthèses le sens, la valeur, du discours des évangiles, pour ne m’occuper que du mécanisme propre à son système de langue.

    Enfin, ultime remarque, quoique mon étude se veuille scientifique, elle constitue aussi l’acte de mon engagement pour la liberté de l’homme. En effet, dans la mesure où les Églises – les théologiens, les pasteurs, les exégètes, les croyants – se refusent à distinguer dans la parole de foi la valeur du phénomène, en considérant la valeur comme phénomène de perception, elles s’ap­proprient un domaine qui n’est pas le leur mais celui, propre et exclusif, de la raison. Il s’agit d’un abus de pouvoir propre à une religion qui empêche les hommes de vivre en hommes. La raison est asservie à la foi pour ceux dont elle est le seul maître. Si, pour connaître le fait historique de Jésus, l’homme doit avoir recours à la foi, il s’avoue impuissant dans la faculté de cette pensée qui seule le définit comme homme. Mon livre est ainsi, par sa recherche elle-même, un combat pour l’émanci­pation de la raison du pouvoir de la religion, et ainsi de l’autonomie de la foi elle-même.

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(1) Sous le Christ, Jésus, Éditions Flammarion, Paris, 1987.   Retour au texte


c 1990




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