ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


Auteurs Méthode Textes
Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris


La recherche historique de Jésus





Sous le Christ, Jésus :
la méthode d’analyse référentielle


Sommaire

Parole de Dieu et recherche historique

Méthode d’approche référentielle

Discours religieux et analyse référentielle

Croire et penser

Esquisse d’un portrait de Jésus
- Objectifs de l’ouvrage
- La méthode
- Quelques traits de Jésus

Les évangiles, tombeau de Jésus




. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

   Résumons en quelques lignes ma méthode.

   Elle remonte à la première question que les libéraux, tel Strauss, ont posée dans la recherche historique sur Jésus. Puisque les évangiles, seules sources de cette recherche, se fondent sur des témoignages de foi, ils se demandent si les témoignages de foi peuvent être employés comme documents d’histoire. Strauss, conditionné aussi bien par l’idéalisme que par la foi, répond par la négative, mais il n’a pas cherché à définir rationnellement le témoignage de foi, ni à rechercher la structure du discours des évangiles.
   J’estime, pour ma part, que le témoignage d’histoire et le témoignage de foi se rapportent tous deux à des faits réellement perçus, mais tandis que les témoignages d’histoire rapportent ces faits comme des phénomènes de l’expérience, les témoignages de foi les considèrent comme des signes d’un signifié qui transcende les limites de l’expérience. En effet, on ne croit pas qu’un tel a eu un phénomène déterminé d’expérience, comme par exemple un rêve ou une vision, mais que ce rêve ou cette vision sont une apparition de Dieu, d’un ange, ou de la vierge. Le témoin d’un objet de foi exprime donc toujours autre chose que ce qu’il voit, il formalise ce qu’il voit en signifiant d’un signifié, au moyen d’un code de langage, comme celui qui parle formalise en signifiant linguistique le son de la voix.

   En ce qui concerne les évangiles, ils se réfèrent à Jésus en prenant ce qu’il a dit ou fait comme signifiant de ce que le Christ des Écritures a dit ou fait. Ils parlent de lui en tant que Christ, en d’autres termes ils ne parlent pas de Jésus mais du Christ, signifié par les phénomènes formalisés de sa vie.
   Par exemple, ils rapportent que Marie a été trouvée enceinte, mais seulement comme trait signifiant de la « vierge enceinte » de l’oracle d’Isaïe (Is 7), et donc de la vierge de la prophétie messianique, mise enceinte par le Saint Esprit. Le fait historique de Marie enceinte est donc formalisé, vidé de sa réalité historique et pris exclusivement comme un trait signifiant.
   Il s’ensuit que Jésus ne se trouve pas dans le dit, mais dans le non-dit des évangiles. Dès lors on ferait fausse route si on recherchait une approche historique de Jésus par l’exégèse des évangiles, c’est-à-dire par l’analyse de leur dit. L’approche historique est par contre possible par une méthode d’analyse qui dépasse les limites de l’exégèse par une déstructuration du discours. Il faut inverser la démarche des auteurs : de même qu’ils sont parvenus à représenter Jésus-Christ en prenant les actes et les paroles de Jésus comme signifiants du Christ des Écritures, nous devons, à partir de Jésus-Christ, revenir en arrière afin de repérer la matière historique des signes qui ont été employés pour le représenter.
   C’est le procédé que j’appelle « analyse référentielle ». Celle-ci s’opère de la façon suivante :
– Mise entre parenthèses de « Jésus-Christ », objet de foi et dit du discours ;
– repérage des « apories » entre les signifiants de ce discours et le Christ des Écritures ;
– analyse du code qui a permis l’association entre ces faits et le Christ ;
– décodage, afin d’aller de la formalisation à la matière historique des faits ;
– élaboration des faits retrouvés, dans le but de reconstituer la figure de Jésus en suivant une méthode d’interprétation archéologique.

   Dans ma recherche sur la vocation prophétique de Jésus (1), j’ai employé cette méthode. Mon attitude est exclusivement rationnelle, mettant en doute, au sens cartésien du terme, et donc entre parenthèses toute foi ainsi que toute exigence de foi propre à mon ancienne forma mentis de théologien, aussi bien catholique que protestant (2). Je n’ai voulu l’analyser qu’en historien, m’en tenant à la méthode d’analyse référentielle.
   J’ai donc mis entre parenthèses le Jésus accomplissement des prophéties selon les textes, à son double niveau d’objet visé par les prophéties bibliques et de donnant le sens ultime à ces prophéties par sa parole et ses actes, car il s’agit du Christ de la foi.
   J’ai étudié les apories des textes entre ce prophète-Christ et des actes et des paroles de Jésus pris comme « signes ».
   J’ai recherché le code qui a permis cette association, puis j’ai procédé au décodage des textes, afin de dépasser la formalisation de ses actes et de ses paroles en signifiants du Christ. Dans ce décodage j’ai recherché la matière historique de ces signes.
   J’ai élaboré cette matière, en suivant une méthode de reconstitution archéologique.

   Voici l’esquisse de l’histoire du prophète Jésus telle qu’elle s’est offerte à la suite de cette analyse.

______________

(1) Voir   Retour au texte

(2) Voir
la biographie d’Ennio Floris par Jacques Lochard (1986) ;
l’autobiographie d’Ennio Floris (2005, en italien) ;
l’autobiographie d’Ennio Floris (2012).   Retour au texte



c 1990




Retour à l'accueil Objectif de Sous le Christ, Jésus Haut de page Jésus le bâtard      écrire au webmestre

tf252000 : 07/05/2019