Les miracles du Christ des Écritures
correspondant à la multiplication
Dans la reconnaissance de ces miracles, je me laisserai guider par le référent de la multiplication des pains, comme je l’ai expliqué au sujet de
la croissance de l’Église et de
la résolution du problème du pain quotidien. Il s’agira donc de rechercher dans les Écritures des prodiges concernant la croissance du
peuple et son rassasiement. Une telle recherche est tout à fait adéquate à la nature des livres de l’
ancien Testament, car ils n’ont pour objet que la vie et l’histoire du
peuple, et ces mêmes vie et histoire sont présentées comme l’œuvre de
Dieu.
Il est cependant nécessaire de jeter ce regard sur la
Bible à partir de l’optique des
écrivains néotestamentaires, qui voyaient dans les oracles prophétiques et dans les gestes des
héros des paroles et des figures messianiques. Autrement dit, tout était lu et interprété par
eux comme concernant le
Christ, et donc comme traçant par avance au niveau de l’écriture ce que le
Christ accomplirait lors de sa venue. Le
Christ glorieux, auquel
ils croyaient, ne faisait qu’accomplir cette œuvre que les Écritures contenaient sous l’énigme des oracles, le voile du rite et la figure des personnages et de leurs actes. Les Écritures avaient une influence d’autant plus grande sur l’événement qu’elles étaient considérées comme l’exemplaire idéal produit par le
Christ lui-même, qui avait voulu se produire en image avant de se manifester en personne.
Nous retrouvons les thèmes de la croissance et du rassasiement avant tout dans la bénédiction de
Dieu, qui peut être considérée comme le leitmotiv de la
Bible. Donnée dans la
Genèse à
Abraham et à
ses enfants, ainsi qu’à leurs femmes afin qu’elles soient fécondes, elle réapparaît dans tous les cycles bibliques, réaffirmant toujours la souveraineté de
Dieu et constituant le point de rencontre de la fidélité de
Dieu avec celle du
peuple. Les faits qui jalonnent l’histoire biblique et marquent l’accomplissement de cette bénédiction à son double niveau représentent ces « miracles » que nous recherchons. Ils sont très nombreux, et vouloir tous les détecter nous obligerait à une lecture de toute la
Bible. Dans le cadre de notre recherche, il suffit de rappeler seulement ceux auxquels le récit se réfère.
L’histoire de
Joseph (
Gn 42) : vendu comme esclave par ses frères,
Joseph est élevé par
Pharaon à la dignité de Seigneur de son règne, dans le but de pourvoir au rassasiement de
son peuple pendant les années de famine. C’est le besoin de pain qui pousse
ses frères en
Égypte, permettant ainsi leur rencontre avec
lui. Ainsi
Joseph rassasie-t-il
ses frères, et les rassemble-t-il, leur donnant la possibilité de devenir
un peuple.
Parmi les épisodes de
l’
Exode, le plus retentissant est celui de la manne. En route à travers le
désert,
le peuple se plaint du manque de pain et pense avec nostalgie au temps où, en
Égypte,
il pouvait manger à sa faim.
Dieu entend son murmure et écoute le cri qui vient du besoin :
il
lui donne la manne, le «
pain qui vient du ciel », qui le rassasie pendant les quarante années d’errance (
Ex 16).
Dans le cycle de
David, le récit met en évidence un épisode du temps de la fuite et de l’errance
du jeune roi à cause de la persécution de
Saül.
David se rend chez le
sacrificateur
Ahimélek, lui demandant du pain, et
il ne peut obtenir que le partage des pains de la proposition, qui venaient d’être enlevés de l’autel (
1 Sam 21:1-6).
Le cycle
d’
Élie influence le récit par plusieurs de ses épisodes, mais principalement par la multiplication des pains opérée par
Élisée (
2 R 4:42-44). La famine sévissant,
le prophète donne à manger à cent personnes avec les vingt-cinq pains qui
lui furent offerts comme prémices par son serviteur.
Au cycle du
Deuxième
Isaïe, le récit emprunte des thèmes variés, concernant l’ère de la libération et du jubilée, avec des allusions précises concernant la croissance du
peuple et son rassasiement ainsi que la fécondité de la terre réacquise.
Pour mieux étudier ces passages, je rapporte ces passages
dans un paradigme, les disposant selon la relation référentielle du récit.