La crise galiléenne

   À l’issue de la recherche sur la croissance de l’Église, il est naturel de se demander de quelle Église. Le récit permet-il de retrouver dans chacune des trois étapes de croissance une communauté ecclésiale déterminée correspondant au symbolisme des nombres ? Cette interrogation est tout à fait cohérente avec le référent du texte, dans la mesure où l’Église n’aurait pas pu voir dans le processus de sa propre croissance un miracle du Christ, sans le reconnaître aussi dans la réalisation de sa propre unité communautaire.
   Le récit répond à notre demande, toujours par le biais du symbolisme des nombres. En effet, on n’y trouve pas seulement un rapport de multiplication de cinq à cinq mille, mais aussi un processus de division de ce nombre par cent et cinquante. Et de même que la multiplication est signifiante d’un processus de croissance, la division apparaît aussi révélatrice d’un ordre constituant. Que le rapport de division ait ce sens apparaît surtout du fait qu’il désigne la division de la multitude en groupes, en vue du repas. Nous avons vu que cette scène est représentative du rassemblement dominical de l’Église autour de la fraction du pain. Mais la représentation demeure-t-elle étroitement liée à la réunion eucharistique, ou la dépasse-t-elle au point de nous faire entrevoir, comme dans un symbole, une assemblée plus vaste, cette assemblée des assemblées qui était l’Église universelle ?