ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La crise galiléenne




La mise entre parenthèses du contexte et l’analyse du miracle :

Le miracle de la croissance de l’Église



Sommaire
Avertissement au lecteur

Mise entre parenthèses du contexte
- Introduction
- Le symposium du récit
- Les miracles du Christ
- Miracle de la croissance
  - Les rapports de nombres
  - Symbolique et sémantique
    des nombres
  - Le prodige dans les Actes
  - Bénédiction de Dieu et
    bénédiction du Christ
  - Les Douze, Cinq et Trois
  - Bénédiction eucharistique
- Miracle de la constitution
- Miracle du rassasiement
- Miracle de prédication
- Du miracle du Christ au
   miracle de Jésus
- Jésus accomplit un miracle
   du Christ

Mise entre parenthèses du miracle



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La bénédiction eucharistique
et le récit de la multiplication des pains


   La bénédiction eucharistique est la manifestation par le geste de l’ensemble de cette signification du discours de l’Église. On pourrait parler de passage du sens du langage parlé à un langage sémiologique, si celui-ci ne précédait pas l’autre, mais c’est l’inverse qui se produit : le rite précède toujours le discours, portant en lui-même le schéma générateur du sens que le second reprend, détermine, surcharge en s’adaptant aux conditions du développement historique de la société. Dans la graphie du geste, qui lui sert de grammaire, le rite demeure immuable.
   Dans les récits, aussi bien de la cène que de la multiplication, de Marc et Matthieu, l’accent porte sur la bénédiction des pains, à l’opposé des récits de Luc, où la bénédiction est réservée à la coupe, tandis que le pain est désigné par l’action de grâces. Cette différence nous autorise à penser que, chez les premiers, la fraction du pain est plus comprise dans le cadre de la bénédiction messianique : le célébrant accomplit l’acte du Christ bénissant. Dès lors la fraction du pain prend le sens de multiplication plutôt que de rupture sacrificielle, sur la base du modèle biblique : bénédiction et multiplication. C’est pour cette raison aussi que la multiplication ne se laisse situer dans aucun des moments du geste. Si elle est un prodige, ce n’est pas à la façon d’un miracle opéré par un thaumaturge : le pain multiplié se relie aux actes qui le précèdent comme un effet à sa cause, mais sur le schéma prophétie et accomplissement, signe et chose.
   Ainsi le schéma subjacent au rite eucharistique est celui-là même qui sert de structure aux promesses bibliques : alliance, bénédiction et multiplication. Ce qui change, c’est la représentation, et donc la détermination du sens. Or ce même schéma se reproduit dans le récit de la multiplication, dans la mesure où il vise précisément à représenter la fraction du pain comme accomplissement par le Christ de la bénédiction de Dieu. Mais il s’agit d’un schéma qui apparaît dans un certain sens redoublé, puisqu’au niveau de la référence le récit se rapporte à la fois à la bénédiction biblique et à la bénédiction eucharistique, à la parole prophétique de multiplication et à son accomplissement dans l’Église. Récit dense, ayant un sens qui ne se laisse pas saisir par une coupure synchronique du texte, puisqu’il s’enfonce dans le processus diachronique du discours.
   C’est sous cet angle qu’il est un récit historique. Non, certes, à la façon d’une historiographie (Historia) dont la représentation procède par analyse, mais comme une poésie totalisante, qui demeure elle-même immergée dans le processus de la vie (Geschichte).



1984




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ti13600 : 28/04/2017