ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La crise galiléenne




La mise entre parenthèses du contexte et l’analyse du miracle :

Le miracle de la croissance de l’Église



Sommaire
Avertissement au lecteur

Mise entre parenthèses du contexte
- Introduction
- Le symposium du récit
- Les miracles du Christ
- Miracle de la croissance
  - Les rapports de nombres
  - Symbolique et sémantique
    des nombres
  - Le prodige dans les Actes
  - Bénédiction de Dieu et
    bénédiction du Christ
  - Les Douze, Cinq et Trois
  - Bénédiction eucharistique
- Miracle de la constitution
- Miracle du rassasiement
- Miracle de prédication
- Du miracle du Christ au
   miracle de Jésus
- Jésus accomplit un miracle
   du Christ

Mise entre parenthèses du miracle



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Les douze, les cinq et les trois


   Pourquoi l’Église a-t-elle exprimé sa propre progression sur la ligne de trois progressions à partir de douze, de cinq et de trois ? Pour les deux premiers nombres, j’ai invoqué des raisons symboliques et sémantiques, telle que la correspondance du chiffre « E » (cinq) avec la lettre « E » d’Église. On doit ajouter aussi pour ce nombre qu’il est conforme au modèle biblique dont le récit évangélique s’inspire. Mais ces raisons sont-elles suffisantes ? On constate en effet que, dans le deuxième récit de la multiplication, le nombre de pains change.
   Dès lors, il est légitime de se demander si ces nombres ont aussi une portée historique, dans la mesure où ils se rapporteraient moins à l’origine de l’Église qu’à celle des disciples de Jésus selon trois traditions d’information. Il convient donc d’examiner de très près les textes des évangiles concernant la vocation des premiers disciples de Jésus.

   Pour Marc et Matthieu, cette vocation se situe pendant la première rentrée de Jésus en Galilée, à Capharnaüm. Jésus aurait rencontré d’abord André et Simon, puis Jean et Jacques et, pendant une sortie de Capharnaüm, Lévi le publicain. Le nombre des premiers disciples serait alors de cinq, puisqu’on ne trouve pas dans l’évangile de séquence concernant l’appel de nouveaux disciples, hormis celle de la vocation des douze.
   On retrouve ce même nombre dans le quatrième évangile, quoique les disciples ne soient pas tous les mêmes. Jésus aurait d’abord rencontré deux disciples de Jean, dont l’un était André, puis successivement Simon, Philippe et Nathanaël. L’un des deux disciples du Baptiste, que l’évangile ne nomme pas, était probablement Jean, le disciple bien-aimé.
   Chez Luc, le noyau des premiers disciples se rétrécit. La rencontre de Jésus avec eux se fait à l’occasion d’une pêche, où apparaissent seulement Simon, Jacques et Jean. Or la mise en évidence de ces trois disciples à l’exclusion d’autres, tel André, frère de Simon, n’est pas fortuite mais s’appuie sur le fait que ces disciples sont les compagnons préférés et intimes du maître, qui occupent le premier rang dans la hiérarchie de proximité. La raison de choix nous autorise donc à affirmer que Luc fait remonter l’origine des disciples à un groupe de trois plutôt que de cinq, quoiqu’il fasse allusion, comme Marc et Matthieu, à la vocation de Lévi. Contrairement à ceux-ci, il ne porte pas son attention sur l’ordre de priorité dans l’apostolat mais sur la hiérarchie de prééminence des groupes. Mais chez lui aussi, dans le non-dit du texte, les premiers disciples que Jésus ait appelés à le suivre étaient au nombre de cinq.

   Quant à l’élection des douze apôtres elle constitue, surtout dans l’évangile de Marc, un événement à part, qui ne se situe pas tout à fait dans la suite logique de la vocation des premiers disciples, ne s’appuyant pas sur des documents biographiques mais sur des impératifs aussi bien théologiques qu’ecclésiastique. L’Église a voulu reconstituer l’origine apostolique sur le modèle du peuple juif, dans le but précisément d’en continuer et d’en relever la mission. Les douze apôtres reprennent et continuent au niveau d’un messianisme accompli le rôle des douze tribus et des douze prophètes : ils sont le fondement du nouveau peuple de Dieu.
   Pour cette raison, l’événement a une portée christologique : il s’agit d’une élection que Jésus fait sur une « montagne », par un choix nominal, et dans le symbolisme d’un nombre qui est l’expression de l’ordre universel et de la manifestation de Dieu dans l’histoire.

   Ces multiplications à partir de douze, de cinq et de trois correspondent donc à des compréhensions différentes de l’origine des apôtres et donc de l’Église. Selon les Actes, elles s’ordonnent dans le cadre d’un processus de croissance dont chacune marque une étape.



1984




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ti13500 : 27/04/2017