ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La crise galiléenne




La mise entre parenthèses du contexte et l’analyse du miracle :

Le miracle de la constitution de l’Église



Sommaire
Avertissement au lecteur

Mise entre parenthèses du contexte
- Introduction
- Le symposium du récit
- Les miracles du Christ
- Miracle de la croissance
- Miracle de la constitution
  - Remarques exégétiques
  - Divisions par cent et
    cinquante

  - Les cent vingt
  - Les trois mille
  - Les cinq mille
  - Fraction du pain et étapes
    de croissance
- Miracle du rassasiement
- Miracle de prédication
- Du miracle du Christ au
   miracle de Jésus
- Jésus accomplit un miracle
   du Christ

Mise entre parenthèses du miracle

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Les trois mille et la communauté de la promesse


   Le récit des Actes semble bien vouloir décrire la transformation qualitative subie par la communauté des frères dans son passage quantitatif de cent vingt à trois mille personnes. Il s’agit d’une transformation en profondeur, qui peut être résumée, pour l’essentiel, dans ces événements :
1 – Élargissement de la communion entre Galiléens à tous les juifs présents le jour de la fête. La fraternité recouvre ainsi, en principe, le peuple d’Israël. On peut suivre ce changement dans les paroles d’adresse de Pierre au peuple, car il commence par l’expression « hommes juifs » (Ac 2:14), pour suivre avec « hommes d’Israël » (Ac 2:22) et finir par « hommes frères » (Ac 2:29), de sorte que ceux-ci, se tournant vers lui mais en direction des apôtres disent aussi « hommes frères » (Ac 2:37) ;
2 – Reconnaissance et proclamation comme Christ, pour Israël, de cet homme Jésus que les juifs ont crucifié, et sur lequel la communauté des frères s’est fondée ;
3 – Changement de mentalité et de conscience du peuple qui, désormais, ne doit plus vivre dans l’attente mais dans l’accomplissement des promesses ;
4 – Baptême, marquant ce renouveau de conscience et de vie.

   La descente de l’Esprit recouvre l’ensemble de ces événements, mais que comportait cet Esprit ? Dans le texte, celui-ci est associé au mot « epangelia », promesse, dans une expression qui peut avoir un double sens : esprit de la promesse, ou promesse qui est esprit. Il faut donc prendre le mot dans un sens restrictif, puisqu’il ne s’agit pas de l’accomplissement total des promesses messianiques, mais de celles qui concernent l’effusion de l’esprit prophétique dans le peuple. La communauté des trois mille marque donc un événement nouveau, celui de la renaissance de la prophétie qui fait passer Israël d’une condition charnelle à une condition spirituelle.
   Dans ce contexte, le rapport de multiplication qui semble le mieux correspondre à cette nouvelle communauté est celui de cent vingt par vingt-cinq. En effet, tandis que cent vingt désigne la communauté des frères préexistante, le nombre vingt-cinq, s’écrivant par les chiffres « KE », qui sont aussi des lettres, peut être lu « Koinonia epangelias », communauté de la promesse.
   Cette nouvelle communauté était-elle déjà Église ? Les deux sens du nombre trois mille semblent le confirmer, puisqu’il s’agirait de trois par mille ou de cinq par six cent, autrement dit par Christ, mille et six cent s’écrivant avec la lettre « X », Xristos. Sans doute Luc l’a-t-il considérée comme étant l’Église de Jérusalem, puisqu’on peut retrouver dans cette communauté les prérogatives propres de l’Église du Christ, le baptême aussi bien que l’eucharistie, la repentance et le pardon, la foi en la résurrection et l’attente eschatologique.
   Ces prérogatives ne sont cependant pas inscrites dans le cadre d’un schéma différentiel, susceptible de distinguer cette communauté du judaïsme : l’accomplissement de l’« epangelia » n’oblige pas les croyants à sortir de la tradition, mais à la comprendre dans son sens caché et spirituel. Il s’agit de reporter le judaïsme à sa mission prophétique, par la participation à l’Esprit non plus d’un prophète, mais de tout le peuple, mais ce prophétisme n’implique pas un nouveau culte. On comprend pourquoi le récit affirme que les baptisés allaient au temple : le Christ n’était pas l’objet d’une nouvelle religion, mais une médiation pour mener le judaïsme hors de ses contradictions, dans une perfection achevée selon l’Esprit.
   Il convient de parler de secte plutôt que d’Église. Les trois mille constituent un mouvement qui s’ajoute aux sadducéens et aux pharisiens, comme aux zélotes et aux baptistes, ayant une nouvelle perspective messianique et donc aussi éthique, mais sans pour autant rompre totalement avec l’orthodoxie.



1984




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