Les récits de la naissance de Jésus

L’offrande des mages

   L’épisode de l’offrande est une actualisation du récit du deuxième Isaïe concernant la restauration et la glorification de Jérusalem de la part des nations. Matthieu est surtout frappé par les affirmations suivantes : « Ta lumière arrive, et la gloire de l’Éternel se lève sur toi… Des nations marchent à ta lumière, et des rois à ta clarté » (Is 60:3) « Ils viendront tous de Saba, ils porteront de l’or et de l’encens » (Is 60:6).
   Cette vision prophétique du retour des déportés est transposée par Matthieu sur le phénomène actuel de la conversion des païens. Le texte prophétique le pousse à voir dans cette conversion le signe de l’accomplissement des promesses messianiques : l’union de toutes les nations sous la seigneurie du Christ, mais ce signe est aussi transposé au temps de la naissance de Jésus. Il s’agit donc d’une naissance vue non seulement à la lumière des oracles prophétiques, mais aussi à partir des événements postérieurs qui en déterminent l’interprétation. Ainsi les mages représentent-ils les nations dont parlait le prophète, mais aussi leur réalisation historique dans ces païens qui se convertissent en nombre croissant à l’évangile.

   Puisque les mages accomplissent sur la scène un événement qui se passera après la mort et la résurrection de Jésus, il convient de penser qu’au moment de sa naissance l’enfant Jésus demeurait avec sa mère dans la solitude et dans l’abandon. Matthieu a décrit l’enfant en le regardant du futur, à partir de l’événement qui avait marqué l’Église dans son temps, le geste des mages prend alors la fonction d’une preuve rétroactive : si Jésus a été reconnu roi par les païens, c’est la preuve qu’il l’était dès sa naissance. Sa solitude et son abandon par les juifs devenait le signe de sa future reconnaissance par les gentils.