ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les apparitions dans les évangiles





La structure des textes évangéliques


Sommaire

La foi au Christ ressuscité

Le Christ est ressuscité

Les apparitions d’anges aux femmes

Les apparitions «privées» de Jésus

Les apparitions de Jésus aux Onze

La structure des textes évangéliques
- Introduction
- Le sujet
- La catéchèse
- L’expérience
- Le mythe




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Le sujet de l’histoire de la résurrection


   Le récit de la résurrection commence par la narration concernant les femmes qui vont au tombeau de Jésus pour oindre le corps du Seigneur. Elles ne font là rien d’autre qu’accomplir le dernier acte de l’histoire de Jésus, le rite annonçant et marquant sa disparition de l’histoire des hommes. En même temps, elles annoncent aussi la dissolution de l’équipe des disciples, que Jésus avait constituée comme la cellule initiale de son royaume. Le récit de la résurrection commence donc par la mort, la fin totale de l’histoire personnelle et sociale de Jésus.

   Si les évangiles peuvent encore nous raconter une histoire, l’histoire du Ressuscité, c’est à cause d’un fait étranger à l’évangile comme au Christ, le vol du corps, qui contraint les disciples à sortir de leur incognito pour devenir les sujets d’une nouvelle histoire, celle de l’Église. L’événement véritable du récit évangélique est le processus de genèse de l’Église, l’accès des disciples à une nouvelle conscience collective et à une personnalité sociale qui est à l’image de celle du Christ. Nous pouvons distinguer trois moments dans cette évolution.

   La découverte du tombeau vide suscite tout d’abord le rassemblement des dispersés. Ce sont les femmes qui se rencontrent, puis vont chez les disciples, ce sont les disciples allant chez les apôtres, puis les apôtres qui se réunissent. Mais, en se rassemblant, ils sont amenés à se rendre compte que la conscience sociale qui les avait unis a maintenant disparu. Ils se retrouvent sans maître, et leur espoir de voir s’instaurer le Royaume s’est évanoui, si bien que leur ministère d’apôtres n’a plus de raison d’être. De pêcheurs d’hommes, ils sont redevenus pêcheurs de poissons, mais ils ne mettent plus dans leur métier cette volonté d’entreprendre qui lui donnait auparavant la valeur d’une profession. Chacun d’entre eux se retrouve seul avec lui-même, ils connaissent désormais la peur et le désarroi, l’angoisse et la déception. La mort de leur maître se projette sur eux pour leur manifester la mort de leur propre conscience sociale, qui avait prétendu être l’héritière des droits du nouveau peuple de Dieu.
   Mais la recherche théologique commence à leur redonner une unité, en raison de la parole qui surgit de leur subconscient, au fur et à mesure qu’elle pénètre les Écritures. C’est cette parole qui leur annonce que Jésus n’est pas dans le tombeau parce qu’il est ressuscité et que, s’il est ressuscité, il est encore pour eux, et d’autant plus parmi eux qu’il ne possède plus un corps terrestre et limité aux conditions propres du temps et de l’espace. Si le Jésus de l’histoire les unissait par sa présence et son autorité, à plus forte raison le Jésus de la gloire, qui peut non seulement demeurer au milieu d’eux, mais les saisir au-dedans d’eux-mêmes par la présence de l’Esprit.
   Ils parviennent donc à une conscience collective, dans la mesure où cette conviction aboutit à une situation d’expérience. Ils se saisissent un, lorsqu’ils expérimentent que Jésus est avec eux, parmi eux, pour eux, en eux par son esprit. Et, en même temps qu’ils prennent conscience de cette unité, ils voient en elle le signe de la présence du Ressuscité. C’est à ce moment-là qu’ils deviennent, collégialement et individuellement, sujets de la nouvelle histoire qui est celle du Ressuscité en même temps que celle de l’Église. Alors, leur témoignage devient une praxis, à savoir l’histoire de leur communauté en même temps que la manifestation du Ressuscité. Il est Église et christophanie, histoire et révélation, sociologie et théologie.

   On pourrait croire cependant qu’en se référant aux premiers disciples les évangiles suivent une méthode historique, et qu’ils nous font connaître la naissance de la foi, telle qu’elle s’est développée objectivement dans la communauté chrétienne primitive. Mais nous avons pu constater, au contraire, qu’ils nous relatent les faits tels qu’ils ont été vécus, interprétés et signifiés par les Églises au sein desquelles les évangiles ont été élaborés. Au lieu d’une narration historique, ils nous présentent des récits ecclésiologiques, dans lesquels le rassemblement de l’Église primitive est exprimé par le mouvement propre à l’Église de leur temps.
   On doit alors conclure que le sujet de l’histoire des évangiles de la résurrection n’est ni Jésus, ni directement l’Église apostolique, mais l’Église historique du temps où les évangélistes écrivent leurs récits. Les apôtres et les premiers disciples jouent un rôle représentatif, car ils sont des personnages de transfert, auxquels est réservée la tâche de représenter sur la scène des évangiles la vie doctrinale, liturgique et communautaire propre aux Églises de leur temps.
   Moins qu’une histoire de Jésus ressuscité ou de l’Église elle-même, les évangiles doivent être considérés comme une ecclésiologie.




c 1981




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t266100 : 03/03/2020