Sommaire
La foi au Christ ressuscité
Le Christ est ressuscité
Les apparitions d’anges aux femmes
Les apparitions «privées» de Jésus
Les apparitions de Jésus aux Onze
La structure des textes évangéliques
- Introduction
- Le sujet
- La catéchèse
- L’expérience
- Le mythe
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Le mythe
Nous sommes partis de la superstructure de l’évangile – le récit de la résurrection de Jésus – à la découverte de son infrastructure, c’est-à-dire la communauté, la catéchèse et la liturgie en tant que vie d’une Église dans le mouvement intérieur de son histoire. C’est maintenant le moment de jeter à nouveau un coup d’œil sur la superstructure, en partant justement de l’infrastructure.
Il est de fait que les évangélistes nous décrivent trois processus – communautaire, catéchétique et liturgique – non pas scientifiquement, selon leurs catégories propres, à savoir sociologique, théologique et psychologique, mais mythologiquement, par un transfert sur la personne de Jésus. La conscience communautaire est donc personnifiée dans celle du Ressuscité, de même que les thèses propres à la catéchèse se transforment en événements de sa vie et que l’expérience liturgique de l’Église se matérialise dans ses apparitions. On assiste donc à un processus de personnification individuelle d’une totalité complexe et étendue, et d’extension de l’individu à toute la dimension propre à l’univers de la foi.
En faisant sortir Jésus du tombeau, les évangiles en font tout de suite l’objet de ce transfert car, tout en étant encore sur la terre, il n’est plus conditionné aux lois physiques de l’univers : il échappe à la gravitation, à l’imperméabilité et à la visibilité, à la fatigue et à l’effort corporel.
De plus, l’espace infini des cieux s’ouvre devant lui : tout en étant un individu il coexiste à l’univers.
De même que l’espace, il remplit tout le temps, dans la mesure où il accomplit le passé et contient le futur dans un présent éternel. Il était par rapport à tout le passé, il sera dans le futur, il est dans le présent.
Enfin, il est plein de l’être de Dieu aussi bien que de celui de l’homme car, en même temps qu’il exprime Dieu pour l’homme, il réalise l’homme pour Dieu en tant qu’il est accomplissement, salut, vie des hommes.
Dans la mesure où l’individu Jésus s’étend au cosmos, tout le réel du cosmos se concentre en lui, s’objectivant dans sa personnalité. Désormais, pour comprendre cet univers, il suffit de comprendre sa personne, pour participer à l’univers de participer à sa vie. Il devient le sujet de toute l’histoire des hommes, puisqu’il la comprend en lui donnant son sens et sa signification. Mais, en même temps, il est l’unique objet de toute contemplation, de toute vision totale, de toute compréhension du réel.
Sa dimension étant le cosmos, sa présence aussi est cosmique car, de même qu’il était en comprenant le monde, il viendra pour l’accomplir, de même qu’il est présent pour le soutenir. Son pouvoir est une puissance qui s’étend sur la terre et dans les cieux.
Bien que coexistant au réel et le comprenant, Jésus est présenté sur la scène des évangiles comme étant toujours le même individu ayant la personnalité du Crucifié, un homme qui a des mains et des pieds, qui mange et qui boit, qui marche et qui parle. Et cette nouvelle dimension ne semble pas l’empêcher d’être un homme, le même qu’auparavant, parlant le même langage, se continuant dans la même individualité, rencontrant les mêmes personnes. L’évangile en devenant cosmique, ne cesse pas d’être épisodique.
C’est justement cette extension cosmique de sa personne et cette concentration du réel dans son individualité qui fait de Jésus un mythe.
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