Sommaire
Présentation
Dans le sillage de Cézanne
L’esthétique de l’art de Morandi
Dans l’ascétisme de François d’Assise
- Introduction
- Ascèse et poésie
. Le jongleur de Dieu
. La Dame pauvreté
. Cantique des créatures
. L’influence de François d'Assise
- Ascèse et esthétique
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Dans le monachisme primitif la pauvreté, avec la chasteté et l’obéissance, avait pour but de séparer les hommes du monde, destiné à la destruction à cause du péché. Mais elle exprimait aussi le mépris de ces hommes pour le monde, avec l’espoir d’être accueillis sur la terre que Dieu devait créer à nouveau, terre où il n’y aurait plus de péché, ni de souffrance ni de mort.
Avec saint Benoît, la pauvreté change de signification : elle doit éloigner les hommes des richesses et de l’oisiveté, pour les disposer par le travail et la prière à devenir les restaurateurs du monde. Au lieu d’en attendre la destruction, les nouveaux pauvres préparent au renouvellement par l’art et la culture.
Saint François lui confia un rôle différent en lui dessinant un nouveau visage, celui de la dame médiatrice dans l’amour de Dieu. Il s’était uni à elle par amour, comme les troubadours avaient aimé leur dame, il l’appelait « Madonna Povertà ».
Dame de la courtoisie, elle imposa à son amant des épreuves d’amour, qui l’obligeaient à renoncer à la propriété des biens et à préférer le sac à la soie, le bois au cuir, l’eau de source aux boissons, la marche à pied à la monte à cheval. Par ces épreuves, elle voulait purifier l’amour de son amant, le transformer en désir, mais désir de Dieu.
Dans la courtoisie, à mesure du progrès de son amant dans sa purification, sa dame lui accordait ses grâces et le retour du printemps dans sa vie. De même « Madame Pauvreté » offrait ses grâces à son soupirant qui, dans son amour, accueillait le retour de l’aube de l’origine des temps. Dès lors toutes les choses, les fleurs, les arbres, l’herbe, ainsi que les hommes et les animaux du ciel et de la terre venaient à lui, rayonnants de la beauté que Dieu leur avait donnée par son regard d’amour au moment de la création.
François a vécu comme si pointait encore dans le monde l’aube des origines. C’est pourquoi il vivait dans son temps comme hors du temps et hors du monde. Il parlait aux oiseaux et aux poissons comme à des frères, il répondait à la haine, à la violence et au mépris par l’amour, dans la certitude que, dans le cœur des hommes comme dans l’ordre de l’univers, l’amour précède la nécessité et vainc la violence.
Il était resté jongleur comme jadis, mais maintenant jongleur de Dieu. Il vivait l’amour de Dieu diffus dans les choses et il le chantait par sa gaieté, par son sourire, par des actes excentriques de jongleur, et aussi par des vers qu’il offrait aux hommes comme un chant nouveau.
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