Sommaire
Présentation
Dans le sillage de Cézanne
L’esthétique de l’art de Morandi
Dans l’ascétisme de François d’Assise
- Introduction
- Ascèse et poésie
. Le jongleur de Dieu
. La Dame pauvreté
. Cantique des créatures
. L’influence de François
d'Assise
- Ascèse et esthétique
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L’influence de saint François sur la culture occidentale fut grande, surtout en théologie par l’école franciscaine qui a toujours défendu la primauté de la volonté sur l’intellect. Non moins grande fut l’influence de sa poétique sur la poésie et l’art en Italie, surtout à leur naissance.
La poésie italienne naît à la cour de Frédéric II de Hohenstauffen sous l’influence de la poésie courtoise, et trouve son épanouissement dans le dolce still nuovo de Cavalcanti et de Dante. Dans l’une et l’autre école il ne s’agit pas d’une reprise mais d’un renouvellement radical de la poésie courtoise. Car si les nouveaux poètes chantent la femme, celle-ci n’est pas, comme chez les anciens, une dame d’amour, mais la médiation de la beauté universelle de la nature. La femme est un être angélique (Donne angelicata), un être qui vient au monde « montrer un miracle » (miracol mostrare), celui de la beauté et de l’amour de Dieu.
Telle fut Béatrice. Dante en formula la théorie dans le Banquet, déclarant que Dieu a répandu la beauté dans le monde par la création d’un modèle de beauté, la femme, modèle qui a son reflet en toute femme qui possède un « intellect d’amour ».
On retrouve dans cette théorie esthétique l’esprit de saint François et la sublimation de l’amour courtois qu’il avait réalisée dans sa vie et exprimée dans son Cantique des créatures. De l’Amour dieu, on va à Dieu comme Amour, et par cet amour le poète ne chante plus la vision d’un retour au printemps mais celui de la nature dans sa perfection et la beauté des origines. Humanisme spiritualisé, élevé au niveau métaphysique.
Giotto fut le peintre de la vie de saint François dans la basilique d’Assise. Le saint fut l’objet de ses fresques, et aussi l’inspirateur d’un art nouveau.
Par son caractère religieux, l’art de son époque représentait toujours des personnages célestes, au visage surnaturel, que l’homme pouvait figurer sur une terre recréée et un ciel nouveau. Giotto fit redescendre sur terre ses personnages, leur donnant avec du volume et de la pesanteur un visage humain, reflet de la beauté idéale accordée à la nature parfaite des origines. Dans ses fresques ses personnages, que ce soient saint François, le Christ, la vierge ou les anges, ont tous ce visage. Son art, comme la poésie de Dante, exprimait la beauté humaine dans un idéal spirituel et métaphysique, mais toujours humain.
Tels furent jusqu’à la Renaissance la poésie et l’art, qui s’inscrivirent dans un humanisme où toute représentation religieuse avait un visage humain conforme à un idéal métaphysique de beauté. Cet idéal fut, selon les cas, aristotélicien ou platonicien, mais toujours éclairé par un esprit où l’on peut reconnaître le regard de François d’Assise porté sur la nature.
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