JEAN
(Entrant avec Pierre dans le jardin, il voit Maria étendue sous le grenadier et court vers elle).
– Ô Maria, je vois des arômes près de toi. Es-tu venue oindre le corps de Jésus ? Mais pourquoi pleures-tu ?
PIERRE
– Heureusement, on t’a retrouvée !... Oui, tu pleures, pourquoi ?
MARIA
– On a emporté le corps de notre maître, et je ne sais pas où on l’a mis.
PIERRE et JEAN
– Tu veux dire que le tombeau...
MARIA
– ... Est vide ! (Elle pleure).
PIERRE
(À Jean, agité).
– Allons-y !
JEAN
– Allons.
(Il arrive le premier près du tombeau et attend Pierre, lui cède le pas, sans entrer cependant).
PIERRE
(Il entre, puis ressort presque hilare).
– J’ai vu, Jean ! et je crois. C’est ton tour maintenant, mais retiens ton souffle !
(Jean entre dans le tombeau, tandis que Pierre s’approche de Maria).
MARIA
(Elle cesse de pleurer, le visage illuminé).
– Alors, tu as vu Jésus ?
PIERRE
– Non, pas lui, mais ses bandelettes à terre. Il s’est défait des liens de la mort. Alors, j’ai cru.
JEAN
(Il sort, rayonnant).
– J’ai vu le suaire, il gît plié sur la bosse de la dalle, là où Jésus posait sa tête... Il nous témoigne que son visage n’est plus celui d’un mort, mais d’un vivant...
MARIA
(À nouveau en pleurs).
– Mais lui, vous ne l’avez pas vu !
PIERRE
– Maria, il n’est pas nécessaire de le voir pour croire : on le verra quand il voudra se révéler. Viens avec nous.
MARIA
– Non, frères, laissez-moi seule ici... Sa mort m’oblige à l’oindre, il ne peut pas ressusciter avant que j’aie accompli cette mission.
JEAN
(À Pierre).
– Sa souffrance lui a fait oublier qu’elle a déjà accompli l’onction pour sa mort. Il faut la laisser seule, Pierre, nous ne pourrions pas l’obliger à nous suivre sans violer son cœur.
(Ils s’en vont, cependant que Maria se lève).