Les Écritures
’inconnu demande aux disciples ce qui, dans leur conversation en chemin, les agitait à ce point ! Qu’est-il arrivé de si extraordinaire en ville ? Les deux disciples s’étonnent que, venant de la cité, il ne soit au courant de rien au sujet de Jésus ! L’ignorait-il ? Mais non ! Il faisait semblant pour leur montrer qu’eux-mêmes, au contraire, étaient dans l’ignorance en prétendant que sa mort l’avait empêché de libérer Israël. D’où ses reproches : « Ô hommes sans intelligence des Écritures ! » Il leur rappelle : « Ne fallait-il pas que le Christ souffre ces choses et qu’il entre dans la gloire ? Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Lc 24:26).
De qui parle-t-il donc ? Du Christ, sans doute ; mais les deux disciples pensaient à Jésus, et non au Christ ! N’y avait-il pas un malentendu entre eux ? Plutôt un jeu de mots de la part de l’inconnu, afin qu’ils parviennent à la connaissance du mystère qu’ils ignoraient. À présent, les deux disciples croient, mais « sans voir »... et ils en souffrent. Cette contradiction intérieure quant à l’hôte qu’ils ont sous les yeux, mais dont ils ignorent toujours qui il est véritablement et d’où il vient, envahit leur esprit. Pas si grave ! Toutefois le jeu se poursuit, semble-t-il, à un autre niveau : et ils sont troublés.
Emma-ous
e jour était sur son déclin ». Le soleil avait parcouru soixante stades pour venir se coucher sur Emmaüs. Les disciples avaient mis toute une journée pour découvrir que Jésus était le Christ ! Que faire, maintenant qu’ils savaient ? L’inconnu allait poursuivre sa route. Mais pour aller où ? Ils l’invitèrent donc à rester avec eux, pour lui éviter une marche solitaire dans la nuit. « Reste avec nous, car le soir s’approche, le jour est sur son déclin. Et il rentra pour rester avec eux » (Lc 24:29).
Dans la prise de conscience que Jésus est le Christ des Écritures, c’était déjà l’« Église » à l’heure de sa naissance. Les disciples croient en lui, mais sans le voir, car leurs yeux étaient encore obscurcis.
La cène
ous s’étaient étendus sur les lits pour participer à la cène. Alors, l’inconnu, sans qu’il y ait été invité, « prend du pain et, après avoir rendu grâces, il le rompt et le leur donne » (Lc 24:30). Il fait et dit ce que Jésus lui-même avait fait et dit lors de la cène qui avait précédé la Pâque, mais il omet de déclarer : « faites ceci en mémoire de moi ». Cela n’était pas nécessaire, car la mémoire leur était rendue : il rompit le pain et le partagea avec eux, « Leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent, mais il se rendit invisible à leurs yeux » (Lc 24:31). C’était bien Jésus en personne !
Ce fut la première cène rituelle de l’Église, la première Messe.