ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Liberté et contrainte sexuelle :

L’enjeu du conflit





Le modèle culturel chrétien


Sommaire

Introduction

Les généalogies

L’amour chrétien
- Introduction
- Écrits néotestamentaires
- Refoulement par l’Église

L’humanité de l’amour

Nécessité d’un modèle érotique

Révolution sexuelle et révolution marxiste

Éros et psychanalyse

Révolution culturelle et agape



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L’attitude de l’Église


   Il serait intéressant de savoir comment l’Église a réalisé ce projet, mais les limites de cette étude m’empêchent de poursuivre cette recherche.
   Je dirai seulement que l’Église a cru, dans un premier moment, que la communauté des frères était un événement moins historique qu’eschatologique : ayant vu dans la mort de Jésus l’accomplissement révélateur de l’agape en tant qu’amour pour les autres, elle a élevé Jésus à la condition divine. Ainsi, de même que la génération qui l’avait précédée était fondée sur la mort du père, elle fonde une nouvelle civilisation sur la mort du fils. La communauté des frères aurait dû se réaliser lors du retour sur terre du fils exalté qui, se manifestant comme un époux, se serait uni aux frères comme à une épouse (1). Ainsi l’agape aurait-elle pris la relève de la génération et de l’éros par-delà la mort.

   Cependant l’Église a dû se conformer très tôt à la réalité de l’histoire. Mettant entre parenthèses par le biais du dogme un retour qui reculait devant son attente, elle a recouru au modèle génétique de culture, en le sublimant par l’agape. Ainsi la génération devint-elle support biologique d’une naissance par l’Esprit, cependant que l’éros fut mis au service du don de soi-même pour les autres (2).
   Qu’on ne se méprenne cependant pas au sujet de cette sublimation, qui n’a été possible que dans la mesure où, d’une part, l’amour et la génération ont été refoulés, et où d’autre part l’agape a été vidée de sa fonction propre pour la contraindre à jouer un rôle substitutif de compensation. En outre, la coordination dans un modèle unique de l’éros et de la génération avec l’agape a aussi exigé, par leur opposition, le surgissement d’un nouveau pouvoir (celui de l’Église), substitué à celui du père. La génération n’a trouve de légitimité et de sens que dans le statut du baptême, la relation d’amour n’a été permise que dans le cadre de l’institution du mariage. Ainsi, par le truchement de la mort et de l’exaltation du fils, l’Église a-t-elle fondé une civilisation sur le pouvoir de la mère.



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(1) Voir, entre autres : 1 Co 7:29-30 ; Ap 21:9.   Retour au texte

(2) Cette théologie du mariage avait été élaborée dans Ep 5. Voir à cet égard mon étude : « Naissance et fin d’une soumission » in Lettre, 1975 (204-205), pp. 31-35.   Retour au texte



octobre 1975




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