ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La hiérarchie dans son processus historique :

du pouvoir de la prêtrise à la prêtrise du pouvoir





Densité synchronique et densité diachronique
du mot « hiérarchie »


Sommaire

Introduction

Densités du mot

La hiérarchie céleste du pseudo Denys

Droits politique et religieux

Démocratie et théocratie

Rôle de l'Église

Un système d’ordre universel

Libéralisme et fascisme

Hiérarchie et communisme

Du code génétique au code linguistique



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   Selon Littré, le mot « hiérarchie » désigne « la subordination du pouvoir » en général. Ce sens aurait été obtenu cependant par « extension », à partir d’une subordination qui appartiendrait en propre au domaine religieux. L’étymologie confirme ce sens d’origine, puisque le mot résulte effectivement de l’union de deux termes grecs : « hiéros » (sacré) et « arké » (chef). Mais pourquoi rappeler ce phénomène d’extension qui, étant diachronique, demeure extérieur à la signification du mot ?
   Je préciserai qu’il ne s’agit pas d’une transposition métaphorique par laquelle le mot passe du sens propre au sens figuré, mais de l’élargissement du rayon de sa signification propre. Jadis restreint au domaine religieux, le sens se détermine, par un processus d’abstraction, relativement à un signifié universel qui le rend disponible à se rapporter aussi bien au religieux qu’au profane. Cette mutation dans le langage présuppose un changement au niveau de la chose, c’est-à-dire des rapports d’ordre réel dans ces deux domaines. La diachronie du sens – le processus historique de sa mutation – trouve sa correspondance dans le processus dialectique de la chose à laquelle il se réfère.
   Dès lors, il convient d’affirmer qu’en empruntant le mot à la religion, l’ordre profane manifeste qu’il demeure conditionné par elle.

   Sans doute lorsque le mot acquiert un nouveau sens, laisse-t-il en arrière toutes les autres significations auxquelles il se trouvait auparavant uni. Toutefois il serait faux de croire que ces significations tombent dans le néant linguistique. Elles persistent, au contraire, se rattachant au mot en-deçà de sa relation de signification et constituant une épaisseur que j’appellerai « densité diachronique ».
   Celle-ci entre en jeu lorsque le mot passe du système de la langue à celui de la parole. C’est à ce niveau, en effet, que le langage accomplit sa fonction de signification par une fonction de communication entre les hommes, et d’indication des choses dans la praxis sociale. La densité diachronique du mot est donc le miroir de la densité historique de la chose. Elle s’offre comme un schéma d’oppositions sémantiques (relations diachroniques), où la chose se laisse cerner et définir dans sa valeur historique.

   Les réflexions qui suivent ont pour point de départ la densité diachronique du mot « hiérarchie ». Au moyen de celle-ci j’entends jeter un regard critique sur la chose à laquelle se réfère le mot dans son emploi actuel et dont elle est miroir : les relations de subordination dans les structures sociales. Je cherche à connaître dans quelle mesure et à quel prix la hiérarchie moderne demeure conditionnée par la religion.



22 octobre 1977




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