ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


Auteurs Méthode Textes
Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris


La hiérarchie dans son processus historique :

du pouvoir de la prêtrise à la prêtrise du pouvoir





Hiérarchie et communisme


Sommaire

Introduction

Densités du mot

La hiérarchie céleste du pseudo Denys

Droits politique et religieux

Démocratie et théocratie

Rôle de l'Église

Un système d’ordre universel

Libéralisme et fascisme

Hiérarchie et communisme

Du code génétique au code linguistique



. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

   Ce regard critique sur notre société serait incomplet s’il ne se portait aussi sur le communisme au pouvoir par la dictature du prolétariat. Cette expression demeurerait cependant équivoque si on ne précisait pas que cette dictature revient à la classe par le parti.
   Dans tout État démocratique, il y a entre peuple et gouvernement un rapport organique, dans lequel le second est conditionné par le premier. Dans les régimes communistes, le peuple et le gouvernement se coordonnent par la médiation d’un parti qui détient effectivement le pouvoir à tous les niveaux, aussi bien économique que politique. S’il est vrai que les individus sont élus par le peuple, il n’en reste pas moins que, d’une part ceux-ci sont présentés sur des listes uniques formées par le parti, et d’autre part le peuple ne peut ni s’abstenir de voter ni voter contre sans risquer perdre ses droits de citoyen.
   Le parti joue le rôle d’une conscience politique constituante, qui détermine aussi bien la classe que la personne politique de chaque individu. Le parti agit comme une substance, un mystère, un « deus absconditus » qui engendre le peuple et la classe sans être lui-même engendré. Il se maintient par une dialectique intérieure qui le place dans l’absolu du sacré ; il est le commencement et la fin. Dès lors, l’ordre étatique se détermine par une subordination des tâches sur trois axes de pouvoir – l’économique, l’idéologique et le social – subordination qui fait de l’État dictatorial un système hiérarchique.
   Ici aussi, le délit est moins déterminé par rapport à l’injustice (a-dikia) qu’à l’insubordination (a-taxia), car toute fonction n’a de valeur que par une position de classe et de place selon ce degré de subordination.

   Je n’ignore pas que cette dictature devrait, en principe, n’être que provisoire, puisqu’elle fut conçue comme une étape nécessaire pour parvenir au véritable régime communiste, fondé sur la liberté par le partage des produits selon les besoins de chacun par-delà la division du travail. Mais ce caractère provisoire n’est possible que si la dictature est un mandat d’exception dont le peuple reste maître, autrement dit une fonction politique au sein d’un État libre auquel elle demeure soumise. Mais puisqu’en fait et de droit elle est l’État, elle devient un système accompli, qui ne pourra reconnaître d’autre fin qu’elle-même.
   Dans un système, toute fonction est pour le système lui-même. Prétendre que la dictature-État pourra s’acheminer vers un autre État est la même chose qu’affirmer qu’une langue peut tendre, par l’exercice de ses propres fonctions, à devenir une autre langue. Souverain, autosuffisant en lui-même, totalité accomplie, l’État est un dieu qui ne pourra reconnaître d’autre dieu que lui-même. Il ne pourra disparaître que par l’opposition de forces venant de l’extérieur. S’il est vrai que l’État de liberté communiste n’est pas seulement une visée utopique mais une réalité à atteindre, il ne pourra naître que par une révolution qui aura pour but la destruction de l’État prolétarien dictatorial.



22 octobre 1977




Retour à l'accueil Libéralisme et fascisme Haut de page Du code génétique au code linguistique      écrire au webmestre

t852080 : 26/01/2019