ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La hiérarchie dans son processus historique :

du pouvoir de la prêtrise à la prêtrise du pouvoir





L’Église comme support de la théologie impériale


Sommaire

Introduction

Densités du mot

La hiérarchie céleste du pseudo Denys

Droits politique et religieux

Démocratie et théocratie

Rôle de l'Église

Un système d’ordre universel

Libéralisme et fascisme

Hiérarchie et communisme

Du code génétique au code linguistique



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   En dépit de son efficacité politique, le culte de l’empereur ne parvint pas à créer effectivement une nouvelle conscience d’homme. Les raisons en furent multiples : il manquait à la mystique de l’empire l’appui d’une religion qui fût vraiment universelle, l’empire restait toujours lié au paganisme qui n’avait plus de crédibilité auprès des peuples. Mais sa visée ne fut pas un échec total, puisque le christianisme naissant en devint l’héritier et le support le plus accrédité.

   Le christianisme fut, dès son origine, une religion essentiellement communautaire. Son culte consistait dans un repas rituel qui permettait aux initiés de participer au mystère de la mort du frère aîné et renaître comme des frères (1). C’était une religion sans père et sans généalogie, qui s’étendait horizontalement par la communion de vie et la mise en commun des biens (2). N’ayant pas de généalogie, il n’y avait pas non plus de hiérarchie, chacun étant au service des autres.
   Assez tôt, cependant, le christianisme changea d’optique, pour s’engager historiquement dans une conquête éthique et culturelle qui fut celle de l’empire lui-même. Le Christ, le frère mort pour les frères, devint Seigneur et Sauveur, roi et pontife à l’exemple des Césars, ayant sur le monde une prétention d’autant plus grande qu’il n’était pas monté au ciel par la mort, comme le divin César, mais par la résurrection des morts. De même que le Christ fut à l’image de l’empereur, l’Église se forma à la similitude de Rome. Elle fut la nouvelle cité à la dimension terrestre qui s’offrit au Christ comme épouse. Les noces du Christ et de l’Église supplantèrent celles de l’empereur et de Rome, dans le but de créer le nouveau « genus humanum » que l’empire avait été impuissant à engendrer (3).
   Le schéma généalogique, absent dans les origines, apparut au niveau des structures sociales de la communauté. Frères unis dans le mystère de la mort du frère par un partage de vie sans pouvoir, les croyants s’unirent au nom du « Christ Seigneur », sur la base d’une transmission hiérarchique du pouvoir, qui passait du Christ aux évêques, des évêques aux presbytes, des presbytes aux diacres. Alors qu’ils étaient tous « serviteurs » (diacres) aussi bien de la parole que de l’entr’aide, ils devinrent « ministres », c’est-à-dire gérants d’un pouvoir et d’un ordre qui venait du Christ et qui le représentait, « l’ordo sacer ».

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(1) Un des vestiges de cette union dans la mort du frère est constitué par les paroles du Ressuscité aux femmes : « Allez dire à mes frères de se rendre en Galilée » (Mt 28:10).   Retour au texte

(2) Ac 2:44.   Retour au texte

(3) Ep 5 ; 1 P 2:9 ; Ap 22:16.   Retour au texte



22 octobre 1977




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