Sous le régime monarchique :
David
Rappelons ensuite la mise en valeur par
Samuel du jeune
David, dont la personnalité ne pouvait qu’affaiblir pour ne pas dire anéantir l’autorité royale de
Saül. En tuant par la première pierre de sa fronde le guerrier-héros
Goliath (
1 S 17:48-51),
David ne pouvait apparaître à
Saül que comme le roi que
Dieu envoyait pour le remplacer. D’où le surgissement en lui de l’instinct de le tuer (
1 S 18:11 ;
19:9-10) en tant que négateur de sa propre royauté, pour sauver son pouvoir.
Portons-nous à la bataille de
Gelboé. Constatant qu’une partie de l’armée avait abandonné
Saül, les
Philistins l’encerclent en sorte qu’il se tue pour ne pas se rendre (
1 S 31:4). Il meurt donc en héros, car il ne se rend à son ennemi que mort, fait suffisant pour le ranger parmi les immortels. Or, un
Amalécite se présente à
David, le diadème royal de
Saül dans les mains, et lui dit : «
Je me trouvais par hasard sur la montagne de Gelboé, et j’ai vu le roi en train de se percer avec son épée. Mon fils est mort, me dit-il, et les hommes de mon armée se sont enfuis. Tue-moi, pour que je ne tombe pas dans les mains de mes ennemis, qui s’approchent de moi. Et je l’ai percé de son épée, et j’ai pris son diadème » (
2 S 1:6-10).
David comprit que
le roi s’était donné la mort par lui-même et que cet assassin se vantait de l’avoir tué, dans l’espoir sans doute d’avoir une récompense. En s’adressant aux siens,
David ordonne de le tuer. Pour lui
Saül, en se tuant, était mort en
héros, se refusant à mourir tué comme un homme vaincu.
David fait oublier que
Saül avait cherché à le tuer, et qu’il avait dû le fuir, se réfugiant chez ses ennemis. Mais s’étant toujours refusé à le tuer, alors même qu’il l’aurait pu, il montrait que, pour lui,
Saül était un vrai roi et un héros. Poète, il entonne l’élégie pour sa mort :
«
Montagnes de Gelboé,
Ni rosée, ni pluie
Sur vos champs fertiles !
Car là fut maculé le bouclier du héros ! »