Sous le régime monarchique :
Salomon
Salomon répondit pleinement à l’attente de
son père : il fut un homme d’État qui agit toujours comme roi. C’est par lui que le règne devient grand, stable et bien défini, du nord au sud, de
Dan à
Beer-Schéba, et prétendant aussi s’étendre du
Jourdain à la
mer.
Évidemment d’autres nations le côtoient, comme les
Ammonites, les
Moabites, les
Sodomites, mais les frontières ayant été fixées, les nations demeuraient ouvertes au dialogue. Je crois qu’on peut en prendre comme indice les dames qui entouraient le roi : «
sept cent princesses pour les femmes et trois cent pour les concubines » (
1 R 11:3). Or ces femmes supposaient des relations avec les États d’où elles venaient et donc l’établissement d’accords et d’échanges politiques et commerciaux. La première de ces femmes était la fille de
Pharaon, dont
l’État était si proche qu’une entente était inévitable. Toutes ces relations impliquent aussi des accords politiques pour le présent et le futur des États en jeu.
La prière que
Salomon fait à
Dieu est présentée comme une grâce concédée par
Lui à
Salomon, mais elle nous apparaît plutôt révéler la formation politique du jeune prince par les expériences de
son père. Rappelons ces paroles : «
Accorde donc à ton serviteur un cœur intelligent pour juger ton peuple et discerner le bien et le mal. Car qui pourra juger un peuple si nombreux ? » (
1 R 3:9)
Oui, le résultat de son expérience nous étonne. Personnellement je suis saisi par l’envergure extraordinaire de sa politique, comme je l’étais par celle d’un
Octavien à la suite de sa prise en charge de
l’empire. Aux louanges font suite dans le texte les constructions entreprises par
Salomon dans la ville de
David,
Jérusalem, destinée à devenir la capitale de son royaume : la maison de
Dieu,
le temple, celle du Roi, et les remparts de la ville. Les guerres semblent cesser dans cet État, pour laisser la place au bien-être des habitants. «
Car Il dominait sur tout le pays de l’autre côté du fleuve, depuis Thapsaque jusqu’à Gaza sur tous les rois de l’autre côté du fleuve. Et il avait la paix de tous les côtés. Juda et Israël, depuis Dan, jusqu’à Beer-Schéba habitant en sécurité, chacun sous sa vigne et sous son figuier, tout le temps de Salomon » (
1 R 4:24-25)
En laissant les richesses de
Salomon pour passer à sa vieillesse, le texte met l’accent sur la corruption du Roi dans sa foi, entrainé à l’idolâtrie par ses femmes étrangères et par ses concubines. Quant à moi, j’exhorte le lecteur à reconnaître dans ses femmes un rôle politique joint à leur fonction d’amour. Leur nombre auprès d’un seul roi dépassait leur rôle sexuel et les mettait dans une fonction d’information politique. Au reste, elles étaient le signe de la relation amicale des États avec les nations limitrophes. Elles obligeaient chaque État au respect réciproque, les insérant dans une forme de fédération. Chacun des deux règnes s’obligeait à la solidarité avec l’autre. Elles n’étaient pas seulement les femmes qu’un prince offrait à l’autre pour son amour, mais aussi en vue d’information et de solidarité. Leur fonction était donc politique.