Sommaire
Parole de Dieu et recherche historique
Méthode d’approche référentielle
Discours religieux et analyse référentielle
- Introduction
- Croire
- Dieu
- Manifestations de Dieu
- Les évangiles
Croire et penser
Esquisse d’un portrait de Jésus
Les évangiles, tombeau de Jésus
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Quand nous employons l’expression « je crois que… » elle exprime notre conviction de conscience vis-à-vis de deux objets très différents :
– des faits ou des énoncés qui sont de l’ordre de l’expérience, mais que nous ne pouvons vérifier ni par réduction à l’évidence ni par des preuves nécessaires. Nous croyons à leur existence ou à leur vérité en nous appuyant sur des indices, des probabilités ou des arguments d’autorité. On dit par exemple « je crois qu’il va pleuvoir », « je te crois », etc.
– des faits ou des énoncés qui ne sont pas vérifiables parce qu’ils transcendent aussi bien notre expérience que les critères rationnels d’évidence, mais dont l’existence et la vérité sont acceptées avec une conviction aussi certaine que l’expérience ou l’évidence rationnelles. C’est le « croire que » propre à la foi religieuse. C’est par cette foi qu’on est convaincu avec certitude que « Jésus est ressuscité », « Marie est vierge », « les pécheurs seront damnés dans l’enfer », etc.
J’entends m’occuper ici exclusivement du croire propre à la foi religieuse. Il est opportun de préciser que je me propose d’analyser l’acte de croire tel qu’il s’offre à la considération comme phénomène de pensée et non dans l’interprétation qu’en donnent les théologiens, car ceux-ci ne parlent pas de la foi telle qu’elle est mais telle qu’elle doit être selon les critères de valeur d’un système donné de foi qui transcende la réalité du phénomène.
Pour comprendre le croire religieux dans les limites de ce qu’il donne à voir, il faut chercher aussi à saisir quel est le fondement de cette certitude. En effet, si le croyant ne s’appuie ni sur une évidence ni sur une éventuelle vérification par des preuves, comment peut-il être certain ?
Je pense que la foi fonde sa certitude sur quatre approches de l’objet de foi : par la manifestation immédiate de l’objet de foi, par un signe de crédibilité, par révélation ou communication, par expérience dans le vécu de conscience.
1 – Par manifestation. L’objet de foi apparaît par lui-même, sans médiation, à la perception de la conscience. C’est dans ce cas que le croyant est voyant, il croit parce qu’il voit : il voit Dieu, ou l’ange de Dieu, ou le démon, il voit le ressuscité, ou la vierge Marie, etc. Il s’agirait, dans tous ces cas, d’une expérience qui ne s’opère pas par la perception des sens, mais comme saisie par une réalité qui transcende leur mode naturel de perception. La manifestation immédiate de l’objet de foi s’accomplit aussi par une vision intellectuelle, et donc par évidence, toutes les fois que ce même objet est de l’ordre de la vérité et non du fait. Il s’agirait d’une compréhension par évidence qui transcende celle de l’évidence rationnelle.
2 – Par un signe de crédibilité. Il s’agit des phénomènes qui autorisent à croire à une proposition qui leur demeure conditionnée, dans la mesure où ils transcendent aussi bien le niveau naturel de l’expérience que les critères de la compréhension rationnelle. C’est le miracle. Dans l’évangile, par exemple, Jésus guérit un paralytique afin qu’on croie qu’il a le pouvoir de remettre les péchés.
3 – Par révélation. C’est le cas où l’on suppose avec certitude que la proposition qu’on croit a été dite par Dieu ou par un pouvoir transcendant. En d’autres termes, on croit parce que Dieu le dit. De même qu’on croit d’une façon probable en s’appuyant sur l’autorité des hommes, on croit d’une façon certaine et infaillible en s’appuyant sur l’autorité de Dieu, dans la mesure où Dieu connaît sans se tromper et sans tromper.
4 – Par expérience dans le vécu de conscience. Il s’agit d’une espèce de vérification de la chose qu’on croit. En y croyant, elle devient opératoire dans la vie et, au lieu de troubler la conscience, devient fondement de son sens.
En résumant, on peut dire que le croire est propre à une activité de pensée dont l’objet transcende l’horizon de la pensée rationnelle. L’homme apparaît comme ayant deux regards, l’un vers le ciel, l’autre sur la terre. Deux expériences, donc, et aussi deux modes de perception, d’argumentation, de vision et de langage.
Il nous reste à soumettre à la critique ces quatre modes d’approche du croire, et à tenter par la suite de cerner leur origine et leur nature par opposition à la pensée rationnelle.
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