L’écriture  des  évangiles

   La mise entre parenthèses des deux péricopes du récit de la multiplication des pains (Mc 6:30-52) (voir étude postérieure détaillée), dont l’une est de caractère informatif, l’autre théologique, nous a permis d’entreprendre leur analyse en même temps que leur reconstruction selon qu’elles étaient au niveau de la tradition orale avant d’être jointes en un seul récit.

   L’analyse et la reconstruction cependant n’ont été possibles que dans la mesure où nous avons émis des hypothèses concernant le mode de production du récit évangélique. Telle, par exemple, la présupposition que l’Évangile prêché par les apôtres n’était pas conditionné par la vie historique de Jésus. Ou encore le postulat que les sources d’information sur cette vie étaient en opposition avec le kerugme de cette prédication. Enfin l’affirmation que les évangiles résulteraient de l’union du kerugme apostolique avec des sources d’information, moyennant un processus de censure qui les a manipulées pour les adapter aux exigences du Christ idéal.

   Quoique la fonction opératoire de ces hypothèses ait été mise à l’épreuve par la cohérence des analyses, il convient de vérifier leur validité par voie synthétique, dans une tentative de reconstruction du récit à partir des péricopes retrouvées. En effet, les hypothèses qui ont permis la déstructuration du récit doivent coïncider avec les lois qui en déterminent la composition. Mais, puisque les récits de la multiplication font partie des évangiles, on ne pourrait essayer leur reconstruction sans rechercher en même temps si ces hypothèses correspondent aux principes de formation des écrits évangéliques. D’où la nécessité d’exposer un schéma général de cette formation qui puisse offrir les conditions objectives de possibilité de ces hypothèses.