ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


L’écriture  des  évangiles




Les évangiles et la structure de leur discours




Sommaire

Introduction

La foi en Jésus-Christ

Mort et résurrection

Refoulement et sublimation de Jésus

Tournant historique de l’Église

Naissance de l’anti évangile

De l’Évangile aux évangiles

Structure de l’anti évangile

Structure des évangiles
- Déstructuration de
   l’anti évangile
- Espace référentiel de
   Marc
- L’image de Jésus-
   Christ
- Les informations
   traitées comme des
   signes
- Les figures rhétoriques
- La censure

Le Jésus de l’histoire

Genre littéraire et genre référentiel



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .


   Les juifs furent si sûrs du choix de leurs moyens et si pris par l’organisation de leur tactique qu’ils ne se doutèrent pas que leur action les conduirait à l’opposé de ce qu’ils recherchaient. C’est qu’une fois encore ils passèrent à côté de l’histoire, en oubliant que le christianisme était d’autant plus marqué par la mort de Jésus qu’il se réjouissait et s’exaltait de sa résurrection.

   Tout en accusant les juifs d’être les seuls responsables de sa condamnation – Pilate, quant à lui, en fut blanchi – l’Église savait bien que Jésus avait été condamné faute d’une défense, car personne parmi le peuple qui l’avait suivi, ni aucun de ses disciples, ne s’était présenté pour l’assumer. Le refus de Jésus de se défendre lui-même prenait, dans ce contexte, le sens d’une accusation lancée contre le peuple et les siens pour leur lâcheté et leur trahison. En héritant de la foi des disciples, l’Église en avait gardé aussi le sentiment de honte, qu’elle était décidée à racheter le moment venu.
   Le défi que les juifs lui lancèrent en publiant le dossier d’accusation fut pour elle l’occasion la plus propice pour réparer l’ancienne défaillance et assumer elle-même la défense de Jésus, en vue de sa réhabilitation : s’il n’y avait pas de possibilité juridique de réviser le procès, il n’en restait pas moins que celui-ci se posait de nouveau, non plus dans le pretorium mais dans cet immense forum qu’était l’assemblée des peuples réunis dans l’oïkoumène romaine. Il revenait à l’Église de se constituer partie civile, d’où la nécessité d’un nouveau discours, qu’elle avait l’occasion de prononcer face aux peuples de la terre, pour une histoire qui était celle du monde.
   Or ce discours ne pouvait pas ne pas s’inscrire dans le genre littéraire propre à la péroraison dont nous avons déjà souligné la structure.

   Il peut sembler étrange que, face à ces accusations, l’Église soit restée dans les limites rhétoriques d’une défense, sans chercher aussi à devenir juge, alors qu’elle se trouvait dans un tournant historique qui lui imposait un regard critique sur sa propre existence.
   Il convient de rappeler que, parvenant au seuil de ses souvenirs, l’Église se trouva face au vide, puisque les faits concrets de la vie de Jésus avaient été refoulés au cours de leur sublimation. Certes, ils n’étaient pas anéantis, mais pour qu’ils puissent réapparaître il fallait que leur sublimation subisse un choc contradictoire. Ce choc fut apporté par l’anti évangile, et l’Église put se rappeler, mais elle demeurait prise au piège de l’artifice propre à la procédure juridique : elle ne pouvait se rappeler que par la médiation de l’accusation, dont elle ne pouvait déjouer l’intrigue qu’en se situant sur le même terrain en qualité de défenseur. Mais en jouant ce rôle, elle se fermait le chemin pour agir en juge. D’ailleurs, même dans le cas où elle aurait gardés intacts les souvenirs de Jésus, l’aurait-elle pu sans réfuter au préalable les accusations portées contre Jésus et donc assumer sa défense ?

   Ce contexte nous autorise à porter sur les évangiles un regard critique à partir de la structure propre à la péroraison défensive. En tenant présent à l’esprit que celle-ci s’établit sur le principe de l’opposition rhétorique au discours de l’accusation, je chercherai à étudier :

1 – La déstructuration du discours de l’anti évangile ;
2 – Le nouvel espace référentiel ;
3 – L’image de Jésus-Christ ;
4 – Le nouveau contexte ;
5 – Les figures de l’articulation du sens ;
6 – La censure.



c 1980




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