ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


L’écriture  des  évangiles




La structure du discours de l’anti évangile :

La forme du discours de l’anti évangile




Sommaire

Introduction

La foi en Jésus-Christ

Mort et résurrection

Refoulement et sublimation de Jésus

Tournant historique de l’Église

Naissance de l’anti évangile

De l’Évangile aux évangiles

Structure de l’anti évangile
- Structure d’un procès
- Discours processuel
- Forme de l’anti
  évangile


Structure des évangiles

Le Jésus de l’histoire

Genre littéraire et genre référentiel



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   Peut-on connaître la forme dans laquelle les accusations du procès ont été livrées au public ? Elles durent être reprises dans des discours et dans des écrits polémiques au cours de la lutte que le judaïsme mena contre le christianisme, l’existence de ces écrits étant présupposée par les apologies chrétiennes du premier et du deuxième siècles.

   Tout porte à croire que les juifs ne se contentèrent pas de propager ces notes diffamatoires par la voix populaire, mais qu’ils prirent soin de les rédiger dans des répertoires en disposant les accusations selon une classification thématique, à l’exemple des recueils des actes et des logia du Christ. Il s’agissait d’une anti catéchèse, destinée à scandaliser les chrétiens et à informer de la vérité les non-chrétiens. Cette hypothèse est surtout appuyée sur le but qu’ils se proposèrent en ouvrant le dossier d’accusation, car ils visaient directement à démasquer la figure christique de Jésus que l’Église propageait par les recueils catéchétiques.
   Si nous considérons les vestiges de ces accusations tels qu’ils apparaissent par l’analyse des évangiles, nous les trouvons réunis en de brefs récits cohérents, qui s’offrent comme des photographies d’un épisode, d’un geste ou d’une parole de Jésus, en tant que transgression de la loi dans un contexte précis et circonstancié. Ces récits étaient destinés à susciter dans l’imagination des gens, par des profils incisifs et partiels, une image de Jésus le donnant à voir comme un antéchrist. Ils étaient d’autant plus crédibles que, n’étant pas altérés par des péroraisons oratoires, ils adhéraient aux dépositions originelles dont ils gardaient la concision, la précision du détail et la force de persuasion.

   Mais ces témoignages étaient-ils vrais ? Les évangiles considèrent comme de faux témoins tous ceux qui avaient accusé Jésus lors de son interrogatoire par le sanhédrin, mais il convient d’interpréter ce jugement à partir de la perspective de défense qui était celle des écrivains néotestamentaires. Comme nous l’avons vu le rôle du défendeur est d’ôter toute crédibilité à l’accusation en mettant en évidence ses vides, ses omissions et son parti-pris. Sous cet angle, les dépositions des accusateurs de Jésus lors du procès étaient fausses quant à leur prétention de rendre Jésus coupable, mais non quant à leur référence aux faits, elles étaient donc vraies en tant que témoignages.
   Prenons à titre d’exemple deux de ces prétendus faux-témoignages, dont le premier se rapporte au procès et le second à l’annonce de la résurrection.
   Le premier est ainsi rapporté par Marc : « Nous l’avons entendu dire : je détruirai ce temple fait de main d’homme et en trois jours j’en bâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d’homme » (Mc 14:58). Selon Marc ce serait un faux-témoignage, mais selon le quatrième évangile Jésus aurait effectivement prononcé ces paroles (Jn 2:19). Ainsi, si nous nous en tenons à la tradition néotestamentaire, il ne s’agirait pas d’une proposition mensongère parce qu’elle se rapporte à des faits inexistants, mais parce qu’elle interprète les faits dans le sens de la culpabilité exigée par l’accusation.
   Le second témoignage visait à répondre de façon polémique à l’exploitation que les chrétiens, selon les juifs, avaient faite du tombeau vide : ils avaient volé le corps. Cette accusation n’était pas fausse, puisqu’elle se fondait sur le rapport logique d’une conséquence causale : conscients qu’ils n’avaient pas enlevé eux-mêmes le corps et sachant qu’un tombeau ne peut pas s’ouvrir tout seul, ils en tiraient la conclusion que le corps avait été volé par les chrétiens, qui étaient seuls bénéficiaires dans l’affaire. Insuffisante comme documentation du fait, leur accusation devenait valable au niveau du soupçon judiciaire.

   Que les juifs aient tenu à la véridicité de leurs affirmations apparaît avant tout du fait qu’elles étaient destinées à l’origine à être des pièces d’accusation dans un procès public dont le juge était le procurateur romain. En les réitérant, ils avaient tout intérêt à ne pas fausser les faits, vu le but et l’enjeu de leur lutte. Même si nous faisons abstraction de leur intérêt, l’emploi que les chrétiens firent de leurs accusations montre qu’elles adhéraient suffisamment aux faits pour qu’ils puissent s’en servir comme source de documentation dans leur reconstruction de la vie de Jésus.



c 1980




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tg07300 : 13/03/2021