ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisL’écriture des évangiles |
La naissance de l’anti évangile |
Sommaire Introduction La foi en Jésus-Christ Mort et résurrection Refoulement et sublimation de Jésus Tournant historique de l’Église Naissance de l’anti évangile - Excommunication des chrétiens - Source des informations juives - Profil judiciaire de Jésus De l’Évangile aux évangiles Structure de l’anti évangile Structure des évangiles Le Jésus de l’histoire Genre littéraire et genre référentiel . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
Cependant que l’Église s’interrogeait sur son origine, des informations des plus compromettantes au sujet de Jésus circulaient dans les milieux populaires, atteignant aussi les communautés chrétiennes. Elles venaient du judaïsme, mais quel était le but de ces informations et d’où les responsables du judaïsme les avaient-ile tirées ? Le sanhédrin s’était montré tolérant à l’égard de l’Église de Jérusalem, la considérant comme une secte juive. Si l’Église croyait en l’accomplissement du messianisme dans la personne de Jésus, elle restait cependant attachée à la loi, au culte et aux traditions, fondant sa foi messianique sur l’interprétation biblique. Dès lors aurait-on pu refuser le lien de fraternité à cette « secte de nazaréens » quand on la concédait aux sadducéens qui, entre autres, ne croyaient pas en la résurrection des morts ? Mais autant les grands-prêtres et les scribes furent libéraux envers les chrétiens juifs de Jérusalem, autant ils se montrèrent opposés, jusqu’à les persécuter, aux chrétiens des communautés grecques. Il ne leur échappait pas que ces chrétiens-là, en dépit de la commune lecture de la Bible, rejetaient la loi, puisqu’ils considéraient que les temps de l’attente messianique étaient révolus. Qu’on se souvienne des émeutes que suscita Étienne dans les milieux juifs de Jérusalem (voir l’étude détaillée), et de l’attitude des responsables au pouvoir qui instiguèrent ou permirent qu’il fût lapidé. Rappelons aussi l’hostilité de ces responsables à l’encontre de Paul. S’ils ne lancèrent pas l’excommunication contre les juifs chrétiens, ce fut sans doute à cause de la médiation exercée par l’Église de Jérusalem. En effet celle-ci, en raison de son origine apostolique, revendiquait le privilège d’être la garante de l’orthodoxie et de l’authenticité évangéliques, et d’autre part visait à imposer son autorité aux autres Églises. Le « concile de Jérusalem » montre que Jacques, leader de la communauté, joua un rôle décisif dans les relations entre judaïsme et christianisme puisqu’il aboutit à un compromis qui évitait la rupture. Cet effort de cohabitation pacifique et cette tolérance cessèrent après la chute de Jérusalem, qui avait changé les données de base du compromis. L’Église de Jérusalem s’était retirée de la scène, se renfermant dans une attente qui la contraignait à reculer plutôt qu’à avancer dans l’histoire. Son absence ôta en même temps aux communautés grecques toute entrave pour consommer leur rupture avec le judaïsme. Le christianisme arrivait ainsi à l’âge de maturité, ayant rompu le cordon ombilical qui le tenait lié aux institutions du judaïsme. Il devint à la fois religion et culture autonomes, possédant son idéologie et sa propre visée historique. De son côté, le judaïsme aussi s’était retranché derrière une orthodoxie qui le menait à rejeter tout courant qui se serait détaché de la tradition deutéronomique. Ainsi, si l’Église n’était plus une secte – une fille du judaïsme – celui-ci n’était plus une mère. Les deux religions se trouvaient face à face comme deux totalités culturelles et religieuses distinctes. Mais elles n’étaient pas assez distinctes pour que chacune puisse vivre son histoire sans entrer en conflit avec l’autre. Issu du judaïsme, le christianisme reconnaissait les Écritures de celui-ci comme unique norme de vie et de pensée, mais la lecture de ces mêmes Écritures était radicalement différente, surtout en ce qui concernait le messianisme, car pour le judaïsme il était encore à accomplir, alors que pour le christianisme il s’était accompli en Jésus. Or la reconnaissance qu’il s’était accompli emportait que le judaïsme historique était révolu : mort dans sa propre tradition, il ne pouvait survivre qu’en devenant chrétien. En revanche, affirmer que le messianisme était encore à accomplir signifiait rejeter la thèse fondamentale qui fondait les chrétiens à se constituer en Église. Il faut cependant rappeler que l’accomplissement dont parlait l’Église après la destruction du temple n’avait pas le même sens que celui auquel elle croyait avant cet événement, car il s’agissait alors de l’accomplissement concernant la personne du Christ et non de son œuvre, qui aurait dû se réaliser lors de sa venue. Il y avait donc un intervalle entre la naissance du sauveur et sa venue – intervalle qui couvrait le reste du temps – et qui permettait aux chrétiens de vivre dans le cadre des traditions juives. Mais après l’événement fatidique il ne pouvait plus s’agir que d’un accomplissement au niveau de l’œuvre : il n’y avait donc plus d’histoire que chrétienne, c’était la fin du judaïsme. Pour les juifs, il ne s’agissait donc plus d’une interprétation au sein de la même tradition herméneutique, mais d’une déviation qui marquait la naissance d’une « hérésie ». Ainsi chacune des deux institutions ne pouvait vivre que par la mort de l’autre et le conflit devenait inévitable. Les nouvelles qui commencèrent à se répandre sur Jésus s’inscrivaient dans le cadre de ce conflit. |
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![]() ![]() ![]() ![]() ![]() tg05000 : 08/03/2021 |