ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


L’écriture  des  évangiles




Les évangiles et la structure de leur discours :

Le nouvel espace référentiel




Sommaire

Introduction

La foi en Jésus-Christ

Mort et résurrection

Refoulement et sublimation de Jésus

Tournant historique de l’Église

Naissance de l’anti évangile

De l’Évangile aux évangiles

Structure de l’anti évangile

Structure des évangiles
- Déstructuration de
   l’anti évangile
- Espace référentiel de
   Marc

- L’image de Jésus-
   Christ
- Les informations
   traitées comme des
   signes
- Les figures rhétoriques
- La censure

Le Jésus de l’histoire

Genre littéraire et genre référentiel



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .


   Il convient de cerner concrètement cet espace référentiel, tel qu’il apparaît dans l’évangile de Marc où s’est opérée la première déstructuration de l’anti évangile.

   Certes si, en s’appuyant sur le prologue de Luc, on part de l’hypothèse que Marc se serait servi d’informations qui remontent de façon directe à des témoins oculaires, la trame de son récit apparaît rudimentaire et pauvre, aussi bien au niveau géographique que biographique : quatre zones géographiques, selon un itinéraire qui mène Jésus du désert à Jérusalem par des séjours prolongés dans la Galilée et les pays limitrophes ; allusions à des villes, mais trop peu nombreuses pour comprendre l’activité de Jésus, et d’autres superflues puisqu’il ne s’y passe que ce que l’évangéliste veut y mettre ; des discours et des actions qui changent de lieu et de circonstances selon les évangiles.
   Si, par contre, on retient que ce réseau d’informations venait de la déstructuration de l’anti évangile, il étonne puisqu’il est suffisamment étoffé pour offrir un canevas au nouveau récit. Effectivement cette richesse prouve que le dossier d’accusation couvrait la totalité de la vie publique de Jésus, puisque les enquêteurs purent le suivre du désert jusqu’à Jérusalem. Et quoique chacun des renseignements constituât en lui-même une totalité, il n’en reste pas moins que dans leur ensemble ils offraient la possibilité de suivre l’itinéraire de Jésus et de connaître les lieux et les circonstances détaillées de ses paroles et de ses actions.

   Le champ géographique fut donc constitué par quatre régions : le désert de Juda, la Galilée, les pays limitrophes et Jérusalem. Dans chacune de ces régions Jésus, par ses actions son comportement et ses paroles, aurait donné des preuves de sa nature d’homme pervers. Son séjour dans le désert de Judée le montrait comme un homme fou et possédé par l’esprit impur, au point de vivre avec les animaux. La Galilée fut le terrain de ses activités magiques, de son commerce avec le diable et de son action de séduction et de corruption du peuple. Son itinéraire dans les pays limitrophes de la Galilée – la Décapole, la Trachonitide, la Phénicie, la Samarie et la Pérée – le montrait fugitif, homme traqué sous le coup d’un mandat d’arrêt, déjà abandonné par le peuple. Enfin, à Jérusalem, l’enquête montrait sa tentative de révolte et ses feintes pour échapper à la capture et à la condamnation.
   Il faut ajouter que, dans chaque région, le dossier d’accusation faisait apparaître des noms de villes et de villages car ils étaient nécessaires pour documenter géographiquement le fait relaté. Il est probable que Nazareth apparut pour appuyer par le témoignage de ses propres concitoyens l’accusation qu’il était bâtard ; Capharnaüm en relation avec la venue de ses frères pour s’emparer de lui ; le pays des Gadaréniens pour localiser le danger réel de son action d’exorciste ; Bethsaïda parce qu’il lui fut interdit d’entrer dans la ville ; Béthanie comme lieu où il se cachait pendant son séjour à Jérusalem, mais aussi où il fut épié et pris au piège.
   Quant à sa personne, elle fut mise à nu par des faits et des discours qui en manifestaient les différents aspects qui, comme nous l’avons vu, faisaient de lui un criminel.

   Une fois libérés de leur charge d’accusation, tous ces lieux et ces circonstances, ces faits et ces paroles, s’offrirent aux écrivains comme un ensemble d’informations suffisant pour offrir un cadre géographique et biographique au Jésus-Christ de la foi. Celui-ci pouvait bien descendre du ciel pour prendre figure d’homme et se mouvoir, agir, parler, dans un univers réel et historique. Ce réseau géographique et biographique rendait possible le passage de l’écriture de Jésus-Christ au Christ Jésus.
   Une question se posait cependant quant à la réalisation de cette greffe, car il fallait que ces situations référentielles soient aussi déterminées dans le sens de l’image christique. Or, puisque cette image n’était pas a posteriori mais a priori, les déterminations aussi ne pouvaient être établies que par l’a priori du Christ. Dès lors, avant d’étudier ces déterminations, il convient de connaître les représentations du Christ qui furent inscrites dans ce champ référentiel.



c 1980




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tg08200 : 17/03/2021