ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisL’écriture des évangiles |
La naissance de l’anti évangileLe profil judiciaire de Jésus |
Sommaire Introduction La foi en Jésus-Christ Mort et résurrection Refoulement et sublimation de Jésus Tournant historique de l’Église Naissance de l’anti évangile - Excommunication des chrétiens - Source des informa- tions juives - Profil judiciaire de Jésus . Les chefs d’accusation . Le profil De l’Évangile aux évangiles Structure de l’anti évangile Structure des évangiles Le Jésus de l’histoire Genre littéraire et genre référentiel . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
Le profil de Jésus d’après l’accusationLa nature judiciaire de ces informations impliquait qu’elles fussent accompagnées de précisions détaillées sur les lieux et les circonstances, dans la mesure où une accusation n’est valable que si elle est concrète et circonstanciée. Dès lors l’ensemble du dossier d’accusation était suffisamment étoffé pour donner de Jésus une image d’homme malfaisant et criminel. Cette image n’est cependant pas suffisante, puisqu’il faudrait y ajouter des traits qui demeurent au niveau du refoulement du texte, ou de touches diffamantes qu’on retrouve chez les apologètes dans la bouche des adversaires du christianisme, tels que Tryphon ou Celse. En tenant compte de tous ces éléments, que je ne peux pas énumérer ici en détail, le profil de Jésus tracé par l’accusation pourrait être exprimé ainsi : Jésus était un bâtard, né hors de sa patrie d’une relation illégitime et impure de Marie, sa mère, avec un inconnu. Il avait grandi en Égypte, où il avait eu l’occasion de s’initier à la magie. Revenu dans sa patrie, il avait cherché à exploiter ses capacités magiques pour tromper le peuple, le faisant instrument de ses visées d’insurrection politique. Il avait surtout captivé les couches les plus humbles et les plus déshéritées, car elles étaient les plus ignorantes et les plus malsaines, en simulant des prodiges de guérison et en exerçant des pratiques d’exorcisme qui montraient qu’il était lié par un pacte avec les démons. Quant à son enseignement, il était hermétique dans le but de cacher ses intentions de révolte et jouait sur son ambiguïté, mais derrière le style prophétique de son langage il ne faisait que détourner le peuple de son obéissance à la loi et de sa soumission à l’ordre établi : il contestait le sabbat qu’il transgressait aussi par ses actes, il ridiculisait les lois coutumières de comportement social, de séparation des classes et de purification, il ne se retenait pas d’attaquer en public, jusqu’à les dénigrer, les grands-prêtres, les pharisiens et les scribes, représentants du pouvoir religieux et social. Mais tout en prêchant l’honnêteté et la justice, la réforme des mœurs et le remplacement du sacrifice par la pureté du cœur, il menait une vie douteuse dans une communauté constituée d’anciens pécheurs et prostituées. Soucieux des pauvres en paroles, il aimait la bonne chère, couchant à la table des riches et des publicains, permettant d’être touché et oint par des femmes, s’accordant des plaisirs avec l’argent qu’il aurait dû distribuer aux pauvres. Ses fréquentations lui servaient à obtenir l’appui des méchants et leurs dons, il érigeait son pouvoir en se déguisant en prophète. Contraint par le peuple à prouver par un miracle l’origine divine de sa mission, il parvint à s’enfuir, évitant ainsi la lapidation. Sous le coup d’un mandat d’amener, il se cacha longtemps et abandonna la Galilée, mais il ne renonça pas pour autant à son projet de ravir le pouvoir aux grands-prêtres et aux pharisiens par un soulèvement populaire. Dans ce but, il alla à Jérusalem et tenta une action publique de purification du temple, en en chassant les vendeurs et en agissant en juge envoyé par Dieu, mais il échoua car le peuple ne le suivit pas. Poursuivi et aussi abandonné par les siens, il fut pris et condamné à mort par le procurateur romain sous le chef de sédition populaire contre l’ordre de l’État et de blasphème car, étant bâtard, il avait fait croire au peuple que sa naissance illégitime le faisait fils de Dieu. Telle fut, dans ses traits marquants, l’image de Jésus que les juifs tirèrent des archives judiciaires pour la montrer aux yeux du monde. Le Christ que les chrétiens annonçaient comme seigneur et sauveur était ce Jésus-là. Ainsi, au moment même où la prédication apostolique avait fait connaître le Christ « jusqu’aux extrémités de l’empire », Jésus aussi sortait de son incognito pour se répandre dans le monde. Pour les chrétiens ce n’était qu’une ombre maléfique, personnalisant moins la personne de Jésus que l’esprit satanique des juifs, mais pour ceux-ci c’était le Jésus réel, historique, lancé à la poursuite du Christ qui en était l’image aliénante. L’issue de la lutte que se livrèrent l’Église et le judaïsme fut donc confiée à la confrontation de ces deux images. Ce fut sans doute la réalisation historique de cette « parousie » que la prédication apostolique avait placée à la fin de la génération. Mais qui serait apparu, le Christ de l’Église, ou le Jésus de la synagogue ? Le Christ kérygmatique réussirait-il à chasser à nouveau Jésus dans l’oubli de l’histoire, ou celui-ci parviendrait-il à dissoudre la représentation du Christ ? |
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![]() ![]() ![]() ![]() ![]() tg05320 : 10/03/2021 |