ANALYSE RÉFÉRENTIELLE
ET ARCHÉOLOGIQUE
Ennio Floris
La référence aux Écritures et les controverses entre juifs et chrétiens
au sujet du Christ
L’action des apôtres
Sommaire
Avertissement
au lecteur
Introduction
Le Christ
et les Écritures
La foi
en Jésus-Christ
Le Christ
selon les apôtres
L’action des apôtres
-
Introduction
-
L’attitude
conciliatrice de
Pierre
-
La rupture
d’Étienne
-
Les discours
de Pierre et
Étienne
-
De la trêve à la persécu-
tion
-
Le silence
sur Judas
. . . . . . . . - o
0
o - . . . . . . . .
De la trêve à la persécution
La lapidation
d’Étienne marqua chez les
juifs le passage d’une attitude libérale envers le christianisme naissant à une attitude agressive et judiciaire. «
Il y eut ce jour-là
– lit-on dans les Actes –
une grande persécution contre l’Église de
Jérusalem et tous, excepté
les apôtres, se dispersèrent dans les contrées de la
Judée et de la
Samarie. Des hommes pieux ensevelirent
Étienne et le pleurèrent à grand bruit.
Saul
, de son côté, ravageait l’Église ; pénétrant dans les maisons,
il attachait les hommes et les femmes et les faisait jeter en prison
» (
Ac 8:
1-3
).
Dans le texte, le mot «
persécution
» revêt un sens péjoratif, montrant que les
juifs auraient déclenché contre l’Église une opération pénale, non parce que les
chrétiens avaient commis des actes criminels, mais par jalousie et par crainte de perdre le pouvoir. Mais cela ne correspond pas à la réalité, car non seulement le Sanhédrin ne s’était pas montré « jaloux » à l’égard de
Pierre, mais il avait été libéral et politiquement sage en laissant aux événements le soin de montrer la réalité des choses. À la suite du discours
d’Étienne ils passèrent à la phase judiciaire car ce discours révélait l’intention véritable de la nouvelle secte : la destruction du judaïsme.
Pierre et
Étienne étaient passés du domaine de la foi à celui de la politique, en dénonçant les tenants du pouvoir comme des criminels, auxquels on ne devait plus accorder obéissance : «
Il faut obéir à
Dieu plutôt qu’aux hommes
» avait déclaré
Pierre ; «
Vous vous opposez toujours au
Saint Esprit
» avait accusé
Étienne. Mais qui était
Dieu, sinon celui de leur foi opposée aux Écritures, et qui le
Saint Esprit, sinon leur propos politique de révolte ? Leur discours constituait donc un appel à rompre avec le judaïsme, avec ses traditions et ses lois, avec ses critères d’interprétation des Écritures, et avec sa conscience de
peuple élu, et qui remettait en cause l’ordre politique et religieux.
Leur « persécution » se justifiait donc par la nécessité de faire échouer une atteinte contre l’État et ses institutions. Certes, le Sanhédrin persécutait une religion nouvelle, mais dont l’opposition au judaïsme était structurelle, même si, à cette époque, les limites entre religion et politique n’étaient pas aussi tranchées qu’aujourd’hui.
Mais si, pour les premiers
chrétiens, les
juifs furent des meurtriers, que
furent-ils, eux-mêmes, pour les
juifs ? N’étaient-ils pas les
disciples de ce
Jésus qu’ils avaient condamné comme faux
prophète et agitateur politique ?
Ses disciples
le proclamaient
Christ pour réitérer son dessein politique de renversement de l’État. Mais sur quels fondements ? Non pas sur des témoignages capables d’invalider les accusations juives, mais sur des interprétations allégoriques et arbitraires des Écritures. De quel droit ces hommes interprétaient-ils les Écritures contre les interprètes reconnus par la tradition, arbitres de la jurisprudence et de la morale ? La raison seule, qui assurait de l’innocence de
leur maître et leur permettait de se fonder sur les Écritures et non sur les faits.
Cela signifiait
qu’ils ne pouvaient rien contester aux
juifs, ou
qu’ils ne pouvaient étayer leur jugement que sur leur expérience.
S’ils avaient eu quelque chose à dire pour sauver
leur maître, pourquoi ne
s’étaient-ils pas présentés comme témoins ? Au contraire
ils s’étaient enfuis, lorsque
Jésus fut arrêté, ou
ils s’étaient cachés ; et quand
ils avaient été reconnus,
ils avaient renié
leur maître. Leur comportement ne
les accusait-il pas des mêmes crimes que
leur maître ?
Les accusations des
apôtres contre les
juifs fournissaient à
ceux-ci une raison suffisante de les juger. Mais pourquoi
les juifs devinrent-ils «
furieux
» au point de «
grincer des dents
» au discours
d’Étienne ? S’agit-il d’une remarque méprisante de
Luc
, voulant ainsi
les présenter comme des chiens enragés, ou doit-on dire
qu’ils se sentirent cruellement blessés ?
Ils ne purent sans doute pas supporter l’accusation d’être des meurtriers, alors
qu’ils n’avaient été que des dénonciateurs, et que
Jésus avait été crucifié par
le procurateur romain, dans un procès conduit en bonne et due forme.
Ils purent encore moins supporter d’être désignés comme des traîtres.
S’ils avaient, certes, livré
Jésus à l’autorité romaine, cela n’impliquait pas
qu’ils en aient été les juges.
10/02/1999
tj40440 : 23/08/2020