ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Jésus le charpentier





La métanoia, ou révolution culturelle :
l’épée de la division


Sommaire

Du fils naturel au fils de Dieu

La Métanoïa
L’épée de la division
- Le logion
- Le contexte
- Dieu père des hommes
La haine du père
La mort du père
La main à la charrue

Le défi et la crise

La bonne nouvelle




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Dieu, père des hommes



Mt 10:34-35

Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix mais l’épée.

Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère.


Lc 12:51-53

Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous dis-je, mais la division.


Car désormais cinq dans une maison seront divisés, trois contre deux et deux contre trois, le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère.



   Nous avons vu dans la première partie de cette étude que la prise de conscience de la paternité de Dieu envers les hommes constitue le sommet de l’expérience spirituelle de Jésus : Dieu est père, même quand l’homme est un bâtard !
   Cela implique qu’il l’est par-delà le processus de génération et les ordonnances de la loi qui s’y attachent. Le Royaume de Dieu coïncide avec l’avènement de cette paternité divine et de la fraternité entre les hommes. Ceux-ci seront frères par-delà la naissance et la mort, par un processus de génération qui les fait fils de la résurrection et de la lumière.
   Jésus préparait les gens à cet événement par la prédication de la « repentance », c’est-à-dire le changement de leur compréhension de Dieu, d’eux-mêmes et du monde. Dans la mesure où le Royaume de Dieu était proche, il convenait que les hommes s’approchent de lui, se séparant de la praxis d’existence qui les liait à la mort. Autrement dit, il fallait qu’ils se sentent libres des obligations inhérentes au modèle génétique de valeurs. Pour qu’ils deviennent frères, il fallait que chacun cesse de se considérer comme fils d’Abraham et de vivre selon le code de cette filiation.
   La rupture avec le judaïsme devenait la condition sine qua non de l’appartenance au Royaume de Dieu. C’est sous cet angle que la prédication de Jésus devenait « épée de division », car elle visait à séparer les enfants de leurs parents et les frères des frères, en vue d’une rencontre au-delà des liens du sang et de la chair.
   On serait cependant dans l’erreur si on voulait chercher à comprendre cet impératif sans l’inscrire dans le contexte d’une praxis révolutionnaire. Car si tout le monde devait penser et vivre en homme nou­veau, tous n’étaient pas appelés à quitter effective­ment leur famille. Seuls y étaient obligés ceux qui voulaient devenir partie prenante de cette nouvelle conscience d’homme, et s’engager avec Jésus dans l’action missionnaire.
   La « division » se réalisait donc à deux niveaux, culturel et social, selon qu’on changeait seulement de catégorie de pensée ou qu’on voulait aussi s’engager totalement pour réaliser ce changement. Caractère idéologique et caractère politique, pour­rait-on dire. Et il se peut que Matthieu ait placé le logion dans le contexte d’un discours adressé au peuple, alors qu’il n’était adressé qu’aux disciples en se fondant sur cette pratique révolutionnaire.




c 1976




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tk213000 : 07/07/2020