ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


Auteurs Méthode Textes
Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris


Art et poésie des natures mortes de Morandi





Dans le sillage de Cézanne


Sommaire

Présentation

Dans le sillage de Cézanne
- La référence à Cézanne
- Les valeurs plastiques
- La peinture métaphysique
- La première période
  . Peinture formalisante
  . Lumière transfigurante
- La seconde période
- L’œuvre de Morandi et la
  peinture moderne

L’esthétique de l’art de Morandi

Dans l’ascétisme de François d’Assise




. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

La première période :
la lumière transfigurante


   En passant de la première salle à la seconde, où étaient exposées les œuvres de la maturité, mon attention a été attirée par un tableau datant de 1942, une nature morte pas comme les autres, où la lumière se projette sur les objets jusqu’à en modifier les images et bouleverser le fondement des valeurs.


Nature morte 1942



   Quatre bouteilles posées sur une caisse, deux grandes et deux petites, et derrière les deux grandes une aiguière. Au premier plan, joints à la caisse où se tiennent les bouteilles, deux cartons.
   Venant de gauche, la lumière se projette, vive et éblouissante, sur les objets, mais laisse l’aiguière dans l’ombre. Des cartons s’enfuient deux ombres épaisses.
   Les bouteilles s’élancent dans un mouvement qui les incline vers la source de la lumière et, chose à première vue surprenante, elles prennent une forme triangulaire, comme des pyramides. En y regardant de plus près, on découvre que la lumière se projette sur le côté gauche des bouteilles en traçant une bande lumineuse qui laisse dans l’ombre l’autre côté, éclairé seulement sur ses bords. La bande lumineuse et la partie sombre se rejoignent sur une ligne de démarcation qui divise chaque bouteille en deux surfaces symétriques, l’une visible l’autre invisible. Elles forment ainsi un triangle.
   Mais l’on s’aperçoit que la partie sombre est bordée par la même lumière que la partie lumi­neuse : on ne la voit plus comme une des surfaces d’une pyramide, mais comme la bouteille elle-même, réduite à son ombre, toujours arrondie mais amincie, à l’intérieur d’une bouteille plus grande et plus lumineuse.

   Le peintre a rapporté sur la toile les bouteilles non point comme elles étaient disposées sur la table, mais comme il les voyait intuitivement à l’intérieur de lui-même. Il les a vues triangulaires dans le processus de transfiguration de leur image opéré par la lumière. Le tableau marque ainsi le passage d’une peinture de figuration à une peinture de trans­figuration par la lumière.




avril 1997




Retour à l'accueil La peinture formalisante Haut de page La seconde période      écrire au webmestre

t281420 : 19/04/2020