ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Autobiographie








Au collège

Un mois à l’eau d’oignon



P. Danet : Magnum dictionarium latinum et gallicum, MDXCI 



EN SARDAIGNE



LE DÉPART



L’ITALIE

Au collège d’Arezzo
-  L’arrivée au collège
-  Le collège
-  L’état des lieux
-  Un mois d’eau d’oignon
-  Parmi les meilleurs
-  La clochette des soeurs
   cloîtrées
-  La poésie d’amour
   de Dante
-  En vacances

Le Noviciat

Philosophie et départ


PUIS LA FRANCE



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’ordre et la discipline du collège et son sérieux une fois sommairement décrits, j’en reviens à moi.
    J’avais conscience d’être dans la situation heu­reu­se d’avoir les études et la nourriture assurées. Il al­lait de soi que j’étais dans un contexte de vie dont la finalité était la religion, avec des obligations pré­ci­ses aussi bien dans les études que dans ma conduite. Le plaisir de ma vie ne reposait plus sur les jeux mais sur l’étude, ma vie était déjà monastique. La finalité était trop sérieuse pour que je m’abandonne aux jeux et à un futur incertain : ma vie devait être déterminée par cette finalité.

    J’avais constaté par ailleurs que j’étais victime de pertes que je croyais être d’origine urinaire, alors qu’elles étaient séminales. Je n’aurais d’ailleurs pas pu penser autrement.
    Je me rends donc auprès du recteur en le priant de me fixer un rendez-vous avec le docteur.
    Le Recteur était un homme très estimé, autant pour sa sagesse que pour l’efficacité de sa direction spirituelle auprès des élèves, au point qu’on parlait de lui comme d’un saint. Il me reçoit paternel­le­ment, m’interrogeant sur ma vie, mes perspectives, enfin sur les symptômes de ma maladie. Je l’informe sur mes « pertes séminales », mais je suis très gêné. En constatant mes craintes, il m’exhorte à rester tran­quille, sans complexes. Il ajoute : « Il faut que je constate, afin de d’identifier le mal », et il me prie de découvrir l’organe sexuel. Je le fais avec hési­ta­tion et malaise. Mais il le prend comme un médecin, le gardant dans sa main comme un jouet, le serrant et délaissant successivement plusieurs fois. Me sen­tant pris au piège comme un poisson, je lui deman­de : « Pensez-vous que le mal en sorte comme un ser­penteau ? »
    Avec rapidité et âprement, il me dit que le mal n’était pas grave. Pour que la perte cesse, il m’or­don­na de prendre pendant un mois, tous les jours avant le diner, un verre d’eau d’oignon. « Il n’est pas nécessaire d’appeler le docteur, il suffit d’en aver­tir les sœurs de la cuisine. » « Mais cette eau me fera vomir et m’empêchera de manger ! ». « Oh, un peu de bonne volonté pour la santé ! ». Et il me con­gédie.
    Quant à moi, je regrettais de ne plus être à l’âge effronté de l’adolescence pour pouvoir démasquer et offenser ce misérable ! La situation me poussait à m’in­surger comme un « tison d’enfer » ! Mais je ne pouvais que me résigner à suivre cette cure. J’ai com­mencé dès lors mes diners avec comme apéritif un verre d’eau d’oignon, au lieu d’une orangeade ! Et pour mettre un comble à mon malheur, les autres collégiens riaient à mes grimaces !

    Au bout de quinze jours, je rencontre le docteur et je saisis l’occasion pour le renseigner sur ma mala­die, en le priant de me libérer de cette eau em­poi­son­née d’oignon, car je ne pouvais plus la supporter. « L’eau d’oignon ? » demande-t-il étonné. Je lui ex­pli­que ma situation. En souriant, il me dit : « Si tu ne peux pas la supporter, il ne faut pas la boire, mais la jeter par la fenêtre. Tu es sain ! Bois comme tous les garçons de l’eau du robinet ! Ciao. »




Rédigé de 2009 à 2012




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t503300 : 13/12/2020