ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisAutobiographie |
Au collègeUn mois à l’eau d’oignon |
EN SARDAIGNELE DÉPARTL’ITALIEAu collège d’Arezzo- L’arrivée au collège - Le collège - L’état des lieux - Un mois d’eau d’oignon - Parmi les meilleurs - La clochette des soeurs cloîtrées - La poésie d’amour de Dante - En vacances Le Noviciat Philosophie et départ PUIS LA FRANCE............................................ |
’ordre et la discipline du collège et son sérieux une fois sommairement décrits, j’en reviens à moi. J’avais conscience d’être dans la situation heureuse d’avoir les études et la nourriture assurées. Il allait de soi que j’étais dans un contexte de vie dont la finalité était la religion, avec des obligations précises aussi bien dans les études que dans ma conduite. Le plaisir de ma vie ne reposait plus sur les jeux mais sur l’étude, ma vie était déjà monastique. La finalité était trop sérieuse pour que je m’abandonne aux jeux et à un futur incertain : ma vie devait être déterminée par cette finalité. J’avais constaté par ailleurs que j’étais victime de pertes que je croyais être d’origine urinaire, alors qu’elles étaient séminales. Je n’aurais d’ailleurs pas pu penser autrement. Je me rends donc auprès du recteur en le priant de me fixer un rendez-vous avec le docteur. Le Recteur était un homme très estimé, autant pour sa sagesse que pour l’efficacité de sa direction spirituelle auprès des élèves, au point qu’on parlait de lui comme d’un saint. Il me reçoit paternellement, m’interrogeant sur ma vie, mes perspectives, enfin sur les symptômes de ma maladie. Je l’informe sur mes « pertes séminales », mais je suis très gêné. En constatant mes craintes, il m’exhorte à rester tranquille, sans complexes. Il ajoute : « Il faut que je constate, afin de d’identifier le mal », et il me prie de découvrir l’organe sexuel. Je le fais avec hésitation et malaise. Mais il le prend comme un médecin, le gardant dans sa main comme un jouet, le serrant et délaissant successivement plusieurs fois. Me sentant pris au piège comme un poisson, je lui demande : « Pensez-vous que le mal en sorte comme un serpenteau ? » Avec rapidité et âprement, il me dit que le mal n’était pas grave. Pour que la perte cesse, il m’ordonna de prendre pendant un mois, tous les jours avant le diner, un verre d’eau d’oignon. « Il n’est pas nécessaire d’appeler le docteur, il suffit d’en avertir les sœurs de la cuisine. » « Mais cette eau me fera vomir et m’empêchera de manger ! ». « Oh, un peu de bonne volonté pour la santé ! ». Et il me congédie. Quant à moi, je regrettais de ne plus être à l’âge effronté de l’adolescence pour pouvoir démasquer et offenser ce misérable ! La situation me poussait à m’insurger comme un « tison d’enfer » ! Mais je ne pouvais que me résigner à suivre cette cure. J’ai commencé dès lors mes diners avec comme apéritif un verre d’eau d’oignon, au lieu d’une orangeade ! Et pour mettre un comble à mon malheur, les autres collégiens riaient à mes grimaces ! Au bout de quinze jours, je rencontre le docteur et je saisis l’occasion pour le renseigner sur ma maladie, en le priant de me libérer de cette eau empoisonnée d’oignon, car je ne pouvais plus la supporter. « L’eau d’oignon ? » demande-t-il étonné. Je lui explique ma situation. En souriant, il me dit : « Si tu ne peux pas la supporter, il ne faut pas la boire, mais la jeter par la fenêtre. Tu es sain ! Bois comme tous les garçons de l’eau du robinet ! Ciao. » |
t503300 : 13/12/2020