ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Autobiographie








Philosophie et départ

Du ginnasio aux écoles de philosophie



P. Danet : Magnum dictionarium latinum et gallicum, MDXCI 



EN SARDAIGNE



LE DÉPART



L’ITALIE

Au collège d’Arezzo

Le Noviciat

Philosophie et départ
- Du ginnasio aux écoles
  de philosophie

- À l’Angelicum
- La visite du Père Pègues
- La constitution du centre
   régional
- Sous l’occupation de
   l’Italie par les nazis
- De Rome à Florence
- De Florence à la France


PUIS LA FRANCE



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épourvue d’écoles de philosophie et de théologie, la province romaine avait dû les instituer, en en con­fiant la direction au Père Pègues, professeur parmi les plus renommés de l’Angelicum de Rome, qu’il ve­nait de quitter. J’ai donc suivi la première année de philosophie à Pistoia, sous sa direction et avec son amitié, ce qui fut pour moi une grande chance. En effet, ce fut lui qui, l’année suivante, m’envoya à l’Angelicum de Rome, pour que je poursuive mes études de philosophie et de théologie dans des fa­cul­tés universitaires.

    Je ne pourrai jamais oublier cette première ren­con­tre. Après avoir mis sur la table le Peri erme­neias d’Aristote, le père Pègues, tournant ses yeux vers nous, dit : « C’est le premier jour où vous en­trez en philosophie, il faut donc promettre fidélité à la philosophie. Avancez donc un par un pour poser votre main sur le livre. » Et chacun s’avança, met­tant la main droite sur le volume. Puis, l’ouvrant au dixième livre, il lut, presque psalmodiant : « O the­os, enérgeia esti. Dieu est acte. » Et des larmes cou­lè­rent de ses yeux ! Certains d’entre nous rirent, mais je fus profondément remué : est-il possible qu’on pleure vraiment parce que Dieu est acte pur ? La philosophie rejoint la poésie... Extraordinaire ! Et ces pleurs me sont restés dans le cœur comme une spirale d’interrogation et de lumière.
    Je pus répondre à mon interrogation plus tard, à l’âge adulte. En suivant le processus de la con­nais­sance, allant de la sensation à l’idée, et de celle-ci à la loi du phénomène, et du phénomène à la cause, je m’aperçois de la présence d’un Sujet qui ne pense pas comme moi, à la suite de l’expérience, mais à par­tir de l’intuition de la cause : Dieu. Et ma pensée est toujours unie à la sienne, et la sienne tournée vers moi. Une relation de pensée qui m’amène à une félicité qui me fait pleurer !

    Quant à ma relation avec le Père Pègues dans cet­te année d’études, je rappellerai un fait vraiment in­ou­bli­able. Lors d’un cours, en lisant un texte d’Aris­tote, le Père Pègues se troubla tout à coup, au point d’interrompre la leçon. À mon avis, il ne se heurtait pas à un problème du texte mais à une faute d’im­pres­sion. Rentré dans ma chambre, j’ai pris le texte et j’ai constaté que je ne me trompais pas ! Préci­sé­ment, il manquait dans le récit la préposition « parce que » (quia). J’ai couru tout de suite chez le Père Pè­gues lui disant, sans même le saluer : « Père ! Ayez l’amabilité de lire le texte en y ajoutant " quia ". Étonné, il prend le livre, il lit et : « Hulula ! », crie-t-il en riant ! Vers la fin de l’année, j’ai eu la surprise d’être appelé à continuer mes cours de philosophie et de théologie non dans l’étude de Pistoia mais à l’Angelicum.
    Le Père Pègues n’aurait pas pu me faire un plus beau cadeau !




Rédigé de 2009 à 2012




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t505100 : 18/12/2020