ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisAutobiographie |
Philosophie et départDu ginnasio aux écoles de philosophie |
EN SARDAIGNELE DÉPARTL’ITALIEAu collège d’ArezzoLe Noviciat Philosophie et départ - Du ginnasio aux écoles de philosophie - À l’Angelicum - La visite du Père Pègues - La constitution du centre régional - Sous l’occupation de l’Italie par les nazis - De Rome à Florence - De Florence à la France PUIS LA FRANCE............................................ |
épourvue d’écoles de philosophie et de théologie, la province romaine avait dû les instituer, en en confiant la direction au Père Pègues, professeur parmi les plus renommés de l’Angelicum de Rome, qu’il venait de quitter. J’ai donc suivi la première année de philosophie à Pistoia, sous sa direction et avec son amitié, ce qui fut pour moi une grande chance. En effet, ce fut lui qui, l’année suivante, m’envoya à l’Angelicum de Rome, pour que je poursuive mes études de philosophie et de théologie dans des facultés universitaires. Je ne pourrai jamais oublier cette première rencontre. Après avoir mis sur la table le Peri ermeneias d’Aristote, le père Pègues, tournant ses yeux vers nous, dit : « C’est le premier jour où vous entrez en philosophie, il faut donc promettre fidélité à la philosophie. Avancez donc un par un pour poser votre main sur le livre. » Et chacun s’avança, mettant la main droite sur le volume. Puis, l’ouvrant au dixième livre, il lut, presque psalmodiant : « O theos, enérgeia esti. Dieu est acte. » Et des larmes coulèrent de ses yeux ! Certains d’entre nous rirent, mais je fus profondément remué : est-il possible qu’on pleure vraiment parce que Dieu est acte pur ? La philosophie rejoint la poésie... Extraordinaire ! Et ces pleurs me sont restés dans le cœur comme une spirale d’interrogation et de lumière. Je pus répondre à mon interrogation plus tard, à l’âge adulte. En suivant le processus de la connaissance, allant de la sensation à l’idée, et de celle-ci à la loi du phénomène, et du phénomène à la cause, je m’aperçois de la présence d’un Sujet qui ne pense pas comme moi, à la suite de l’expérience, mais à partir de l’intuition de la cause : Dieu. Et ma pensée est toujours unie à la sienne, et la sienne tournée vers moi. Une relation de pensée qui m’amène à une félicité qui me fait pleurer ! Quant à ma relation avec le Père Pègues dans cette année d’études, je rappellerai un fait vraiment inoubliable. Lors d’un cours, en lisant un texte d’Aristote, le Père Pègues se troubla tout à coup, au point d’interrompre la leçon. À mon avis, il ne se heurtait pas à un problème du texte mais à une faute d’impression. Rentré dans ma chambre, j’ai pris le texte et j’ai constaté que je ne me trompais pas ! Précisément, il manquait dans le récit la préposition « parce que » (quia). J’ai couru tout de suite chez le Père Pègues lui disant, sans même le saluer : « Père ! Ayez l’amabilité de lire le texte en y ajoutant " quia ". Étonné, il prend le livre, il lit et : « Hulula ! », crie-t-il en riant ! Vers la fin de l’année, j’ai eu la surprise d’être appelé à continuer mes cours de philosophie et de théologie non dans l’étude de Pistoia mais à l’Angelicum. Le Père Pègues n’aurait pas pu me faire un plus beau cadeau ! |
t505100 : 18/12/2020