ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


                              Auteurs Méthode Textes
  Plan Nouveautés Index Liens Aide





Ennio Floris



Autobiographie








Philosophie et départ

De Florence à la France


La tentation américaine



Lettere a Mons. Pietro Bembo, 1560 



EN SARDAIGNE



LE DÉPART



L’ITALIE

Au collège d’Arezzo

Le Noviciat

Philosophie et départ
- Du ginnasio aux écoles
  de philosophie
- À l’Angelicum
- La visite du Père Pègues
- La constitution du centre
   régional
- Sous l’occupation de
   l’Italie par les nazis
- De la théologie à la cri-
   tique
- Le Saint Office
- De Florence à la France
  . La tentation américaine
  . La mort du pigeon
  . Le passage de la fron-
    tière


PUIS LA FRANCE



............................................

e rencontrai à cette période le père Fulton, Provin­cial de la province dominicaine de Californie, venu à Rome en raison de sa fonction. La rencontre étant amicale, je l’informai de mon cas. Il me comprit, au point qu’il se confia à moi, me disant : « J’étais pro­tes­tant et je me suis converti au catholicisme, mais si je reste encore à Rome, je crains de perdre la foi ! ». Vivement intéressé, il m’offrit un poste de pro­fesseur de philosophie dans sa province. J’ac­cep­tai, expédiai mes livres, fis les démarches pour le passeport et attendis le visa. Mais pourquoi avais-je accepté ? Sans doute parce que cela me permettait de sortir du carrefour, en m’amenant sur une terre où je croyais pouvoir résoudre mon problème de con­sciences sans trop de traumas. Homme en fuite, au­quel on offrait une issue !

    Mais pendant cette attente, extrêmement longue, je fus assailli par le doute que la décision que j’avais prise n’était pas honnête. Comment pourrais-je en­sei­gner dans un institut catholique et religieux, quand je ne croyais plus ? J’avais besoin d’un con­seil. Partir d’ici ? Pour tomber de nouveau dans la ligne de mire du Saint Office ? Il ne me restait plus qu’à me tourner vers les protestants. Mais y avait-il des protestants à Florence ?
    Je les trouvai en cherchant leur église, que j’avais ignorée jusqu’à ce moment, l’église baptiste et la vau­doise. J’eus successivement un entretien avec cha­cun des deux pasteurs : l’intérêt fut réciproque. Ils me dirent que mes doutes n’étaient que des scru­pules, et que je devais profiter de l’occasion pour faire le saut du clergé à la laïcité en Amérique parce que, si je restais en Italie, il me serait psycho­logiquement impossible ou, si je le faisais, je serais contraint de vivre dans une condition pire que la pré­sente.

    Je fus heureux de les avoir rencontrés, mais je ne fus pas convaincu.
    Quelques semaines plus tard, le pasteur de l’église vaudoise me téléphona pour me dire qu’un pro­fes­seur français, auquel il avait parlé de moi, souhaitait faire ma connaissance. Je le rencontrai et lui décrivis ma situation et mes craintes. C’était un « ex-prêtre », qui avait fait ses études à la Grégorienne au moment où je les faisais à l’Angelicum. Il me dit que, pour lui aussi, il serait immoral d’aller en Amérique avec le projet d’abandonner l’Église, puisque je manquerais à la parole donnée à une personne qui m’avait fait du bien. Mais il convenait avec les pasteurs que, si je restais en Italie, l’Église ferait tout pour que je m’en repente. Je pourrais plutôt trouver une solution en France.
    Avant qu’on se sépare, il me dit : « Vous êtes un homme, et peut-être un homme libre. Si vous croyez bon de laisser l’Église, laissez-la et si vous ne savez pas où aller, venez en France. Voici mon adresse : " Collège cévenol, Le-Chambon-sur-Lignon ". »




Rédigé de 2009 à 2012




Retour à l’accueil Le jugement du Saint Office Haut de page La mort du pigeon

t505700 : 21/12/2020