ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisAutobiographie |
Philosophie et départDe Florence à la FranceLe passage de la frontière |
EN SARDAIGNELE DÉPARTL’ITALIEAu collège d’ArezzoLe Noviciat Philosophie et départ - Du ginnasio aux écoles de philosophie - À l’Angelicum - La visite du Père Pègues - La constitution du centre régional - Sous l’occupation de l’Italie par les nazis - De la théologie à la cri- tique - Le Saint Office - De Florence à la France . La tentation américaine . La mort du pigeon . Le passage de la fron- tière PUIS LA FRANCE............................................ |
Vintimille, le douanier passe : « Passeport, passeport ! » Je présente mon passeport. Il le regarde, le re-regarde… « Désolé, vous ne pouvez pas entrer en France » « Et pourquoi ? » « Parce que votre passeport est spécial, et qu’il faut une autorisation spéciale. » « Laquelle ? » « Celle de l’Église. » « Elle est donnée, il y a bien la signature et le timbre, non ? » « J’appelle le chef ! » Et le chef vient, un originaire de Bari, à en juger par son accent. Lui aussi lit, relit, regarde. « Je ne vous laisserai pas passer en France ! » « Qui êtes-vous pour m’interdire d’entrer en France ? Le passeport est en règle. Il est spécial, mais il porte aussi toutes sortes de timbres spéciaux. » « Mais excusez-moi, vous êtes un religieux ? » « Oui ! » « Alors, pourquoi portez-vous une cravate ? » Je me lève, enlève la cravate et lui dis « Maintenant, je suis un religieux pour vous puisque je n’ai plus de cravate ? » « Vous vous moquez de moi, eh bien je ne vous laisserai pas entrer en France ! » Je me dresse en le fixant dans les yeux : « Eh bien, sache que, si je dois retourner en Italie, ce sera par ta faute, parce que tu ne te comportes pas comme quelqu’un qui fait son devoir mais comme quelqu’un qui agit selon son caprice. Si tu me refuses d’entrer en France alors que tout est en règle, je te ferai perdre ton poste, je le jure. Et cela viendra avec le premier grain, tu auras à peine le temps de savoir que je suis en prison. Parole de Sarde ! » Il me jeta le passeport à la figure : « Vas donc en France, mais saches que tu es un renégat et un traitre à la patrie ! ». Je mis le passeport dans ma veste en pensant : « Quel prodige que l’Église ait réduit un enfant baptisé, fait pour être un homme, en chien de garde ! » Passée la frontière, j’ai ouvert la valise et pris l’habit de dominicain que j’avais emporté, sans doute comme souvenir, et en ouvrant la fenêtre je l’ai lancé : « Vas, vas au loin… pour toujours ! » |
t505730 : 21/12/2020