ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisAutobiographie |
Philosophie et départLe Saint OfficeLe jugement du Saint Office |
EN SARDAIGNELE DÉPARTL’ITALIEAu collège d’ArezzoLe Noviciat Philosophie et départ - Du ginnasio aux écoles de philosophie - À l’Angelicum - La visite du Père Pègues - La constitution du centre régional - Sous l'occupation de l’Italie par les nazis - De la théologie à la cri- tique - Le Saint Office . L’enquête . Retraite franciscaine . Le jugement du Saint Office - De Florence à la France PUIS LA FRANCE............................................ |
t vint la convocation du Saint Office. Pourquoi m’appelaient-ils ? Pour continuer l’interrogatoire, ou pour procéder au procès ? Mais sur quoi ? Sur mon existence ? Je me présentai et je fus reçu par le commissaire, homme que je connaissais et que je vénérais pour sa douceur. Je m’étais toujours demandé comment il pouvait exercer son office. Et de fait, il fut avec moi d’une gentillesse extrême. Le Saint Office n’avait pas trouvé en moi de délit, mais seulement un manque de correspondance entre l’exigence du statut de religieux et mon comportement en public. Il n’y avait pas correspondance, parce que je n’établissais pas de distinction entre les comportements religieux et laïc, l’homme et le prêtre. Je reçus en punition la privation d’exercer la confession, en attente d’un déménagement qui demanderait du temps. Cela me stupéfiait, tant par la forme que par le contenu. On m’avait condamné pour ma laïcité. Mais peut-être n’ignorait-on pas les libertés que je prenais d’absoudre celles que le Saint Siège condamnait pour l’usage de la pilule contraceptive, ou de conseiller au confessant de préserver sa liberté contre toute intervention de caractère disciplinaire. Mais je pensais aussi que, si le commissaire avait pu savoir que je ne croyais plus, il aurait eu tout motif d’ouvrir vraiment un procès contre moi. Je fus tenté de leur donner un vrai motif de me condamner, tant j’étais lassé et avili de vivre sur ce double registre de croyant et d’incroyant, docteur en théologie dogmatique et négateur de Jésus-Christ, de vivre enfin dans la tromperie et dans l’hypocrisie, sinon dans l’aliénation. La sagesse était de m’en aller. Mais comment ? Et qui aurait pu m’indiquer la voie ? Le futur qui m’était promis se présentait comme une Mer Rouge, que je ne pouvais traverser qu’à nu. Au moment même où je me préparais à ouvrir à nouveau le Centre, le père Provincial m’annonça que j’étais affecté au couvent de Florence et que je devais quitter Rome le plus tôt possible. Je lui demandais les raisons et les conditions de ce changement. Elles étaient brèves mais très contraignantes : premièrement l’arrêt du Centre, car si celui-ci répondait à mes désirs, il s’opposait cependant à ceux de l’Ordre ; secundo, mon éloignement de Rome, car je serais ainsi contraint à vivre une vie en conformité avec la règle et la vie des frères. Enfin, je serais ainsi obligé d’arrêter une activité culturelle tout à fait étrangère à la finalité de la constitution de l’Ordre et à la vie religieuse. Pour moi, cette nouvelle vie était la méconnaissance et la négation même de ma personnalité. En entrant dans l’Ordre, j’avais changé mon prénom d’Ennio en celui d’Aurelio, porté par mon père. Nom sublime : « Aurèle : Soleil d’or » (aurum-elios) ! Vision poétique, pour ne pas dire mythique de mon existence ! Mais on m’obligeait à abandonner cette vision pour vivre une vie communautaire qui m’oblige à être comme en conserve dans une boîte ! Quoiqu’éloigné de Rome, j’éprouvais un plaisir certain d’être à Florence, ville que j’aimais plus que toute autre, en tant que berceau d’art et de littérature. Cela ne m’ôtait pas la conviction qu’on ne m’avait envoyé là qu’avec l’alternative de changer ma vie ou de quitter l’Ordre. J’avais désormais compris avec évidence qu’en demeurant dans la vie religieuse je devrais renoncer à mon esprit critique, alors que je vivais pour le cultiver ! |
t505640 : 21/12/2020